Eglises d'Asie

La politique d’apaisement mise en ouvre par le nouveau gouvernement de Jammu-et-Cachemire est bien accueillie par la population

Publié le 18/03/2010




Le nouveau gouvernement de l’Etat de Jammu-et-Cachemire est formé depuis plus d’un mois et la nouvelle politique mise en ouvre par lui tranche par rapport à celle du gouvernement précédent. Elle a été généralement bien accueillie par les milieux chrétiens et certaines couches de la population musulmane. Tout en craignant qu’un regain de violence ne vienne anéantir les efforts de paix déployés actuellement, une majorité de la population s’est remise à espérer : “Nous sommes pleins d’espoir et ne cessons de prier pour la paix et l’harmonie”, vient de déclarer Mgr Peter Celestine Elampassery, évêque de Jammu-Srinagar, un diocèse dont la superficie s’étend sur la totalité du territoire de l’Etat.

Le 2 novembre dernier, une coalition formée par l’alliance du Parti du Congrès avec un parti politique local a pris en charge les rênes du gouvernement régional. Aussitôt a été appliquée une politique destinée, comme l’avait annoncé les leaders de la coalition, “à guérir les blessures physiques, psychologiques et affectives infligées par la violence depuis 1989” (1), date à laquelle ont commencé les heurts entre la rébellion indépendantiste et les forces de l’armée indienne, qui, en l’espace de 13 ans, ont fait plus de 70 000 morts. Aussitôt après leur arrivée au pouvoir, dans le cadre d’une “thérapie apaisante”, les nouveaux dirigeants ont libéré un certain nombre de prisonniers politiques. Le ministre-président de l’Etat, le Mufti Mohammed Sayyed, a également annoncé le démantèlement des forces de police anti-terroriste, terreur d’une partie de la population.

Mgr Elampassery considère que ces nouvelles initiatives ont ouvert un chemin vers la paix. »Tous nos espoirs reposent sur le gouvernement”, juge l’évêque qui ajoute que les chrétiens ne cessent de prier pour que la situation revienne à la normale et que l’économie s’améliore dans cet Etat autrefois bien connu des touristes. Un juriste de Srinagar, Nazir Ahmed, s’est déclaré convaincu que le gouvernement était sur la bonne voie en essayant de mettre un terme à la tragédie du peuple du Cachemire. Ses initiatives apparaissent comme des signes d’espoir dans toute la vallée du Cachemire, cette région aux grandioses paysages où s’est concentrée toute la rébellion. “Le peuple, a-t-il dit, demande que les salaires soient revalorisés, que l’emploi soit assuré et que le gouvernement tienne ses promesses, ce qui semble être le cas pour le moment.”

Tout en attendant de voir quelles seront les vraies conséquences des actuelles mesures, le P. S. Sebastian, vice-directeur de l’école saint Joseph à Baramullah, constate que la nouvelle orientation de l’action policière a été favorable aux institutions chrétiennes de la région. Au mois de novembre, les autorités policières ont assuré la sécurité des établissements chrétiens et mis en garde les fidèles contre les éventuelles réactions de certains groupes musulmans après qu’un prédicateur évangéliste américain eut publiquement qualifié le prophète Mahomet de “terroriste” (2). L’école du P. Sebastian et un hôpital tenu par les Franciscaines missionnaires de Marie, installés au coeur de la vallée, ainsi que d’autres établissements scolaires à Srinagar fonctionnent pour le moment sans problème.

Cependant, d’autres observateurs, en particulier dans les milieux de l’extrême droite hindouiste, sont sceptiques sur les conséquences de la politique suivie actuellement par l’Etat du Cachemire. En particulier, la récente attaque de deux temples hindous de Jammu, le 24 novembre dernier (3) a fait monter les critiques fustigeant le manque de fermeté de l’actuel gouvernement. Si les évêques se sont contentés de blâmer les terroristes de s’en prendre aux fidèles venus chercher dans les lieux de culte, force spirituelle et consolation, les dirigeants politiques fédéraux, eux, s’en sont pris aux responsables du gouvernement actuel de Jammu et Cachemire. Le Vice-Premier ministre, L.K. Advani, leur a conseillé publiquement de ne pas se presser de libérer les prisonniers. Arun Jaitley, un porte-parole du parti nationaliste hindou, le BJP, qui détient le pouvoir fédéral, a déclaré craindre que la nouvelle politique “apaisante” du gouvernement local ne permette aux insurgés de reprendre du “poil de la bête”.