Eglises d'Asie

Le 5ème congrès de l’Eglise bouddhiste du Vietnam s’est préoccupé de la formation du clergé et a mis en cause les religieux dissidents

Publié le 18/03/2010




Le cinquième Congrès national de l’Eglise bouddhiste du Vietnam, Eglise patronnée par le Front patriotique, s’est déroulé du 4 au 6 décembre à Hanoi et a revêtu une certaine ampleur. Y ont participé 770 délégués officiels et plus de 1 000 délégués observateurs, parmi lesquels des délégations bouddhistes en provenance du Laos, du Cambodge, de Russie, de Chine ainsi que de la diaspora vietnamienne dans le monde (1).

Du rapport d’activités lu au cours de la première journée du Congrès, il ressort surtout qu’au cours des années écoulées, le bouddhisme vietnamien s’est particulièrement préoccupé de son clergé, de son recrutement comme de sa formation. Selon les chiffres cités, le nombre de religieux et religieuses résidant actuellement dans les 12 500 pagodes du Vietnam a augmenté de plus de 10 000 en l’espace de neuf ans. Il est passé de 26 258 en 1993 à 36 512. Il apparaît aussi qu’un très grand effort a été réalisé dans le domaine de la formation. Selon les termes mêmes du rapport, l’instruction dispensée aux religieux aurait atteint le niveau le plus haut jamais connu au Vietnam. Il existe aujourd’hui trois instituts d’enseignement bouddhistes de niveau universitaire à Hanoi, Huê et Hô Chi Minh-Ville, où un millier de religieux suivent des cours. A ces établissements, il faut ajouter trente écoles d’enseignement bouddhiste de niveau secondaire où se forment quelque 3 500 élèves. Beaucoup de religieux ont été envoyés poursuivre des études de doctorat à l’étranger, au Japon, en Birmanie, en Thaïlande, en Chine, en France, en Australie et aux Etats-Unis. Lors d’une exposition des réalisations de l’Eglise bouddhiste du Vietnam présentée dans la capitale à la veille du congrès, a été présentée la maquette du futur institut d’études bouddhiques du Vietnam qui sera prochainement construit à Hanoi (2). Selon vietnamienne d’information, la construction qui s’étendra sur quatorze hectares et nécessitera un investissement de 275 millions dôngs (18 675 000 euros) sera capable d’accueillir 1 900 étudiants qui y viendront se former pour être des bonzes supérieurs.

Les plus hautes autorités de l’Etat et du parti sont venus participer aux premières séances du Congrès. Le président du Conseil d’Etat, Trân Duc Luong, a appelé les bouddhistes à renforcer leur solidarité. Le président du Front Patriotique Pham Thê Duyêt, s’est félicité de l’active contribution des bouddhistes à l’édification de la patrie. Sur les sièges des dignitaires, on a pu également apercevoir le Vice-Premier ministre, Vu Khoan, et le directeur du Bureau des Affaires religieuses, Lê Quang Vinh. Dans la journée du 5 décembre, le Premier ministre Trân Van Khai, recevant une délégation des nouveaux responsables de l’Eglise bouddhiste, s’est également exprimé devant eux sur la politique de son gouvernement et sur la nécessaire contribution du bouddhisme à l’édification nationale (3).

Au dernier jour du congrès, a été élu le conseil du Sangha, composé de 85 membres, dont le vénérable Thich Tam Tich est président ainsi que le Conseil d’administration de 95 membres présidé par le vénérable Thich Tri Tinh qui a été réélu à ce poste. Un certain nombre de nominations ont été faites. Du long programme d’activités adopté par l’Assemblée, on peut retenir que la priorité continuera d’être accordée à la formation intellectuelle du clergé et à l’extension des ouvres caritatives et sociales sur tout le territoire du pays.

Au cours du congrès, les différents intervenants ont renouvelé leur soutien à l’Etat vietnamien et au socialisme, déjà proclamé par des banderoles accrochées aux murs du type : “Dharma, Nation et Socialisme”. Une certaine irritation s’est même exprimée à l’égard des religieux dissidents de l’Eglise bouddhiste unifiée. Dans une interview accordée au Nhân Dân, l’organe du Parti communiste, à l’occasion du congrès, le vice-président du Bureau d’administration, le vénérable Thich Tanh Tu, s’en est pris à eux sans les nommer. Il a parlé de “certains religieux qui collaborent avec les forces hostiles pour s’opposer à l’ouvre de concorde nationale et de solidarité de l’Eglise bouddhiste… Certains bonzes et fidèles entraînés par des malfaiteurs ont participé des activités causant l’instabilité dans certains endroits…”

Depuis 1983, date à laquelle l’Eglise bouddhiste du Vietnam a été créée sur l’initiative des autorités gouvernementales et du Bureau des Affaires religieuses, une partie du clergé refuse obstinément de se soumettre au patronage gouvernemental et continue de s’appeler l’Eglise bouddhiste unifiée (4). Ses deux plus hauts dignitaires sont aujourd’hui isolés de leurs confrères et de leurs fidèles par les soins du gouvernement vietnamien. Le patriarche Thich Huyên Quang ne peut quitter la pagode où il réside dans le Quang Nam. Son second, le vénérable Thich Quang Dô, est isolé dans sa cellule monastique de la pagode de Thanh Minh Thiên à Hô Chi Minh Ville depuis le 1er juin 2001.