Eglises d'Asie

Publication d’un rapport sur le train incendié de Godhra et sur ses conséquences

Publié le 18/03/2010




Le 21 novembre, une association qui s’appelle “Tribunal des citoyens concernés a publié un rapport sur les événements qui ont endeuillé l’Etat du Gujarat à partir de la fin du mois de février 2002. Le rapport publié et diffusé grâce aux soins de l’organisation des droits de l’homme, Prashant, d’Ahmedabad, est composé de trois volumes, au total 900 pages et s’intitule : “Crime contre l’humanité”. Le Tribunal, composé d’anciens juges de la Haute Cour et de la Cour suprême de l’Inde, ainsi que de citoyens éminents, s’était donné pour mission d’enquêter sur l’incendie du train de Godhra, le 27 février 2002 (1). Ce jour-là, un convoi ramenant des militants hindouistes d’Ayodhya, alors qu’il quittait la gare de Godhra, avait été attaqué et incendié par une foule de plusieurs milliers de musulmans. A l’arrivée de la police sur les lieux, il y avait 58 morts dont 15 enfants. L’enquête du Tribunal devait porter aussi sur les conséquences de cet incident, à savoir la mort de centaines de personnes, la destruction d’un ensemble colossal de bien privés et publics, de monuments symboliques de la culture, de lieux de culte fréquentés par diverses couches de la population.

Le rapport met vigoureusement en cause l’actuel ministre-président de l’Etat, Narendra Modi. Il est présenté comme le premier responsable de la diffusion de la violence et de son extension dans tout l’Etat après l’incident de Godhra. Le ministre président a joué un rôle actif dans l’intensification des troubles avec trois autres membres du gouvernement, en envoyant aux fonctionnaires de l’administration, des instructions selon lesquelles il fallait s’attendre à une réaction hindoue à l’incident de Godhra et que celleci ne devrait être ni “réprimée ni contrôlée Parmi les autres personnalités épinglées par le rapport, presque toutes citées par leur nom, on trouve six ministres du gouvernement, des autorités policières, des fonctionnaires ainsi que quelques hommes politiques. Certains médias font également l’objet de graves accusations. Est aussi soulignée la scandaleuse impuissance du système judiciaire de l’Etat.

Le Tribunal reprend à son compte la “directive finale” publiée le 31 mai 2002 par la Commission nationale des droits de l’homme, demandant que les communiqués gouvernementaux provocants soient examinés et jugés, la charge de la preuve incombant aux auteurs qui doivent expliquer ou contredire leurs propres déclarations. En outre, le Tribunal recommande l’arrestation immédiate des dirigeants du Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou, VHP), Praveen Togadia et Ashok Singhal, ainsi que de Narendra Modi, pour avoir, plusieurs fois et en toute impunité, non seulement incité à la haine intercommunautaire, préconisé le violence contre les minorités religieuses, mais aussi troublé la paix et l’ordre publics, créé un climat d’insécurité, de tension et de conflit ouvert. D’autres recommandations du rapport concernent certains médias tenus pour responsables d’avoir contribué à répandre la violence.

Le rapport suggère la création d’un tribunal dit de réparation apte à juger des mesures nécessaires à l’assistance et à l’indemnisation des victimes, des réparations et de la restauration à apporter aux lieux de culte endommagés et de la reconstruction de ceux qui ont été détruits.