Eglises d'Asie – Inde
Deux associations du clergé catholique indien coexistent sans attirer à elles un nombre considérable d’adhérents
Publié le 18/03/2010
La raison de ce peu d’empressement des prêtres à se regrouper entre eux, selon un certain nombre de prêtres engagés, est à chercher ailleurs. Pour le P. Maria Alphonse, secrétaire de la Conférence des prêtres catholiques de l’Inde (CPCI), la raison principale de cette réticence générale du clergé à rejoindre son association est d’abord la désapprobation des évêques à son égard. Son organisation créée, il y a maintenant quinze ans, ne comprend encore que 467 membres issus de 69 diocèses, moins de la moitié des 146 diocèses du pays, pour les trois rites, latin, syro-malabar, syro-malankara. Lors de la dernière assemblée du CPCI qui s’est déroulée à Bangalore du 6 au 8 novembre, 28 prêtres seulement s’étaient déplacés pour participer aux débats.
Il n’est pas sûr cependant que l’ostracisme de la hiérarchie soit l’unique cause de la désaffection du clergé indien à l’égard de ce type d’organisation. Une autre association, la Conférence des prêtres diocésains (CPDI), créée l’année dernière sous le patronage de l’épiscopat indien de rite latin, pour essayer d’améliorer les relations entre les prêtres des divers diocèses, n’a, pour le moment, pas rencontré un plus grand succès que son aînée, la CPCI. Le congrès annuel du nouvel organisme a rassemblé à peine 80 prêtres venant de 75 des 118 diocèses de rite latin du pays. Le contraste est grand avec ce qui se passe pour la Conférence des religieux de l’Inde (CRI), un organisme formé des supérieurs majeurs du pays. Les assemblées générales réunissent près de 90 % des adhérents. Même les évêques viennent y participer. Lors de la dernière assemblée biennale au mois de mars, on a souligné la présence de 118 des 150 évêques actuels du pays.
Le président fondateur du CPCI constate avec amertume que les prêtres indiens ne s’intéressent pas à son association ou n’accordent aucune valeur aux assemblées qu’elle organise. Lors du congrès de la CPCI de Bangalore, un des prêtres du noyau fondateur, lors d’une séance consacrée à l’autocritique, a souligné que, lors de la création du CPCI il y a quinze années, elle correspondait à un réel besoin chez les prêtres de l’époque, un besoin qui depuis lors a disparu – la dernière assemblée le montre à l’évidence. Deux groupes de prêtres, à l’époque, étaient venus rejoindre le nouvel organisme. Une catégorie d’entre eux désirait s’associer en une espèce de syndicat destiné à faire valoir les droits des prêtres, ses membres, les autres aspirant seulement à développer une certaine solidarité entre les membres exerçant les mêmes activités sacerdotales. Aujourd’hui, reconnaît le secrétaire du CPCI, l’association est incapable d’attirer à elle de nouveaux adhérents principalement à cause de la publicité négative faite contre elle par “les autorités officielles” dans les séminaires. Selon lui, l’association est considérée par beaucoup d’évêques comme un groupe de prêtres rebelles car beaucoup d’entre eux “auraient maille à partir avec leurs évêques”.
Pourtant, l’approbation explicite des évêques pour l’association sacerdotale la plus récente, le CPDI, ne lui a pas donné, pour le moment au moins, l’autorité nécessaire pour attirer à elle de nombreux adhérents. Lors de son dernier congrès qui a eu lieu du 18 au 20 novembre 2002 à Bangalore, 130 participants étaient attendus. Au bout du compte, 70 seulement sont venus. Les presbytérats de chaque diocèse, à l’exception de ceux d’un Etat du sud qui n’avait envoyé personne, avaient choisi un ou deux délégués pour participer au congrès. Certains participants se sont plaints du caractère directif du programme de débats. Ils auraient aimé partager avec plus de liberté leur expérience pastorale avec leurs confrères.
Le désir du secrétaire du CPDI, le P. Arul Joseph, est de voir les deux associations se fondre en une seule. Ce n’est pas, semble-t-il, l’intention du P. Maria Alphonse, responsable de la CPCI qui désire garder à son groupe le statut d’une amicale pour prêtres sans représentativité officielle, désireux seulement de débattre ensemble de leur “rôle prophétique”.