Eglises d'Asie

La rébellion maoïste a imposé la fermeture de toutes les écoles de la vallée de Katmandou durant deux semaines

Publié le 18/03/2010




Dans le bras de fer qui oppose la guérilla maoïste et le gouvernement népalais, les écoles sont depuis 1996, date du début de l’insurrection maoïste, un enjeu important, les maoïstes réclamant sinon la gratuité du moins la réduction des frais de scolarité, l’abandon de l’enseignement du sanscrit au profit des dialectes locaux ainsi que le renvoi des enseignants étrangers, principalement indiens. Par le passé, de nombreuses écoles, y compris des établissements tenus par l’Eglise catholique, ont été forcées de fermer leurs portes (1). Au mois de décembre dernier, un syndicat étudiant, lié aux maoïstes, a contraint tous les établissements scolaires de la vallée de Katmandou à la fermeture durant deux semaines. Près de 4 000 écoles, représentant 500 000 élèves, ont obtempéré au mot d’ordre du syndicat, craignant les représailles violentes que le mouvement maoïste réserve d’ordinaire aux personnes et aux institutions passant outre à ses mots d’ordre.

Le mouvement a commencé le 9 décembre dernier lorsque le All Nepal National Free Students’ Union-Revolutionary (ANNFSU-R) a lancé un mot d’ordre de grève pour une durée indéterminée concernant toutes les écoles, publiques ou privées, des trois districts de Katmandou, Bhaktapur et Lalitpur, correspondant à la vallée de Katmandou. Dans la lettre distribuée par le syndicat aux écoles, il était demandé la gratuité de l’enseignement jusqu’à 16 ans dans l’enseignement public, une réduction substantielle des frais de scolarité dans le privé ainsi que la suppression du caractère obligatoire de l’apprentissage du sanscrit. L’ANNFSU-R exigeait également du gouvernement de ne plus être considéré comme « une organisation terroriste ». Le mot d’ordre lancé le 9 décembre intervenait deux jours après que le syndicat maoïste eut rejeté en bloc un projet gouvernemental de réforme du système éducatif visant à satisfaire en partie les demandes des maoïstes.

Selon Mgr Anthony Sharma, préfet apostolique du Népal, le syndicat a limité son appel à la grève à la vallée de Katmandou « pour faire un exemple » étant donné la proportion relativement importante dans cette région d’établissements privés d’enseignement dont l’objectif est commercial. Selon d’autres sources catholiques, les maoïstes auraient limité la grève à la vallée de Katmandou uniquement pour ne pas s’aliéner tous les parents d’élève du pays à la fois en décrétant une grève nationale. Bien que, localement, des membres de la rébellion maoïste ont fait savoir aux responsables d’écoles catholiques qu’ils avaient compris que l’Eglise catholique ne gérait pas des écoles pour faire de l’argent mais pour le bien du peuple, des religieux catholiques estiment qu’il devient de plus en plus risqué de maintenir ouvertes les écoles.

Finalement, l’ANNFSU-R a décidé de lever son mot d’ordre de fermeture des écoles le 22 décembre après que l’ensemble des écoles eut fait savoir que les frais de scolarité seront réduits de 25 %. Le dirigeant du syndicat, Devendra Parajuli, a déclaré que la grève reprendrait le 13 février prochain au cas où les écoles ne tiennent pas leur promesse. Cette grève de deux semaines est intervenue dans un contexte où les rebelles maoïstes s’étaient déclarés prêts, le 4 décembre dernier, à ouvrir un dialogue avec le gouvernement, ce qui constituait un revirement de leur position dans le conflit meurtrier qui les oppose aux autorités népalaises. Le mouvement maoïste a déclaré avoir décidé de former une commission pour mener le dialogue avec le gouvernement. Parallèlement, la guérilla a laissé entendre qu’elle allait mettre fin à ses attentats contre les infrastructures civiles, des violences pénalisant directement la population.