Eglises d'Asie – Corée du sud
La surreprésentation des chrétiens au sein du personnel politique ne garantit pas que les valeurs chrétiennes soient particulièrement défendues sur la scène politique
Publié le 18/03/2010
Dans ce pays de 48 millions d’habitants dont 7,4 % sont catholiques et 20,3 % protestants, la présence de chrétiens au plus haut niveau de l’Etat est importante. Le président sortant, Thomas Kim Dae-jung, est devenu en 1998 le premier catholique à parvenir à la magistrature suprême. Son prédécesseur, Kim Young-sam, était protestant. Pour les élections du 19 décembre 2002, on peut remarquer que les candidats catholiques ont tous trois été baptisés à l’adolescence ou à l’âge adulte. C’est le cas de Carolo Kwon Young-ghil, du Parti démocratique du travail, né en 1941 et baptisé en 1958. C’est aussi le cas de Lee Hoi-chang, né en 1935 et baptisé en 1951. C’est enfin le cas du nouveau président, Roh Moo-hyun, né en 1946 et baptisé en 1986 – et qui a déclaré à plusieurs reprises souhaiter rester discret sur cet aspect de sa vie.
Cependant, selon Joseph Yo Kyu-tae, président du Conseil de l’apostolat laïque de Corée, les croyances religieuses du personnel politique ne sont pas si significatives que cela car, une fois élus, les hommes politiques tendent à ignorer la religion. Sur les 273 députés du Parlement coréen, note Joseph Yo, “environ 60 % sont catholiques mais la plupart ne pratiquent pas”.
Avant l’élection présidentielle, le pays ayant toutes les chances d’être à nouveau dirigé par un président catholique, le P. Casimir Song Yol-sop, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Corée, s’était contenté de déclarer qu’il espérait que les questions telles que l’avortement (1), la faiblesse de la fécondité, le divorce et d’une façon générale tout ce qui renforce la “culture de la mort” dénoncée par l’Eglise (2) retiendraient l’attention du nouveau président. L’Eglise catholique, a-t-il déclaré le 27 novembre dernier, aimerait que les candidats fondent leur action “sur l’esprit de l’Evangile”.
Pour Edith Ahn Ju-lee, secrétaire général du Comité catholique pour les droits de l’homme, une ONG locale, “la moralité des candidats est une question d’importance pour notre pays où la corruption de la classe politique est un problème grave”. Selon elle, le fait que les deux principaux candidats étaient catholiques ne présentait pas de garantie en soi. “Je ne pense pas que leur attitude et leur programme reflètent la position de l’Eglise”, a-t-elle précisé. Pour le P. Peter Song Ki-in, directeur de l’Institut de recherche du diocèse de Pusan, le fait que les principaux candidats étaient catholiques peut laisser espérer le fait qu’ils soient plus sensibles que d’autres à l’injustice et à la corruption. Lucia Lee Kwang-hee, étudiante dans une université catholique, estime quant à elle que l’appartenance au catho-licisme des deux principaux candidats est un danger plutôt qu’un bienfait. “J’espère seulement qu’ils ne nuiront pas à la bonne image qui est celle de l’Eglise auprès de la population commente-t-elle.
Avant l’élection présidentielle, la Commission ‘Justice et paix’ de la Conférence épiscopale avait envoyé un questionnaire à tous les candidats en lice. Les réponses ont été les suivantes : Lee Hoi-chang s’est déclaré opposé à l’abolition de la peine de mort (3) et à celle de la Loi sur la sécurité nationale, qui autorise l’arrestation et le jugement de tout citoyen sud-coréen ayant fait “l’éloge” de l’“ennemi” nord-coréen ou ayant pris part à des actions lui ayant profité (4). L’Eglise catholique appelle depuis de nombreuses années à l’abolition tant de cette loi que de la peine capitale. Roh Moo-hyun a répondu qu’il était favorable à leur abolition à certaines conditions et Kwon Young-ghil s’est prononcé pour leur abolition inconditionnelle. Au sujet du projet de loi en matière de bioéthique qui laisse au président la décision d’approuver ou non le clonage d’êtres humains, Lee souhaite “une solution alternative Kwon appelle à l’abandon pur et simple du projet de loi et Roh se prononce pour la définition d’un consensus entre la bioéthique et les biotechnologies (5).