Eglises d'Asie

Les autorités de Hanoi multiplient les mesures répressives contre les intellectuels dissidents

Publié le 18/03/2010




Dans un communiqué paru le 20 décembre 2002, l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch accuse le Vietnam de mener une campagne de répression policière contre une série de personnes, uniquement coupables d’avoir réclamé des réformes démocratiques ou d’avoir exigé du gouvernement qu’il rende des comptes à ses citoyens. Dans son texte, l’association énumère les cas de six dissidents, récemment arrêtés par la police vietnamienne, traduits devant les tribunaux et condamnés, ou sur le point de l’être. Les personnes citées par le communiqué sont loin d’être les dissidents les plus importants du Vietnam actuel. Il ne s’agit que du groupe de ceux qui ont été récemment arrêtés et jugés ou qui sont le plus directement menacés.

Le premier cité est Nguyên Khac Toan, arrêté dans un “cyber-café” à Hanoi au mois de janvier dernier. Né en 1955, après un début d’études universitaires, dans les années 1970, il fut envoyé sur le front du sud. Démobilisé en 1975, avec le grade de lieutenant, il termina ses études universitaires, puis se lança, avec succès dans les affaires. Depuis l’année 2000, il participe aux activités d’un petit groupe de dissidents en faveur de la démocratie. Son principal crime a surtout consisté à aider des paysans à rédiger des plaintes adressées au gouvernement au sujet de leurs terres et à les diffuser sur Internet. Accusé de propagande contre l’Etat socialiste, de désinformation au sujet du gouvernement et d’espionnage au profit de puissances étrangères, il a été condamné à douze ans de prison lors d’un procès qui vient d’avoir lieu à Hanoi, le 20 décembre dernier.

Nguyên Vu Binh, arrêté au mois de septembre dernier et en attente d’être jugé, est également accusé de propagande contre l’Etat socialiste. Nguyên Vu Binh est un ancien journaliste à la revue théorique du Parti Communiste vietnamien (Tâp Chi Công San). Il a donné sa démission en l’an 2000, date à laquelle dans une lettre ouverte aux autorités, il a demandé à fonder un Parti démocratique libre. L’année suivante, il proposait de créer une organisation anti-concussion indépendante du gouvernement. Ces deux projets avaient été également rejetés par le gouvernement.

Dam Minh, cité en troisième par Human Rights Watch, a été arrêté le 30 novembre dernier à Hai Phong, à cause de ses relations avec d’autres dissidents de cette ville portuaire. Il a été libéré après onze jours de détention. Agé aujourd’hui de 75 ans, il s’était engagé dans les forces vietminh en 1945, à l’âge de 18 ans. Il est entré au Parti en 1952. Il est connu à Hai Phong pour s’être exprimé publiquement sur les questions de corruption et sur les violations des droits de l’homme. Il a également protesté contre le procès de Lê Chi Quang, cité plus bas.

Vu Cao Quan est un autre dissident dont le communiqué affirme que l’arrestation est imminente. Du 7 au 11 décembre dernier, il a été convoqué pour des interrogatoires d’une journée entière dans les locaux de la police de Hai Phong. Il est un ancien membre du Parti communiste vietnamien, dont il a démissionné en 1999 pour protester conter l’expulsion du Parti d’un très célèbre dissident, le général Trân Dô.

Pham Hông Son a été arrêté au mois de mars, accusé d’avoir recueilli des documents en vue de les fournir à un pays étranger pour qu’il les utilise contre la République socialiste du Vietnam. Son “vrai” crime est d’avoir traduit en vietnamien un article intitulé “Qu’est-ce que la démocratie ?” qu’il a envoyé à ses amis et à des personnalités officielles ; il a également diffusé sur Internet une lettre ouverte pour protester contre des fouilles entreprises dans sa maison et contre la confiscation de son ordinateur ainsi que d’un certain nombre de documents.

Le dernier cité par le document est Lê Chi Quang, un jeune juriste de Hanoi qui, en octobre dernier, a été condamné à quatre ans de prison et à trois ans de résidence surveillée à l’issue d’un procès à huis clos où on l’a accusé de diffuser de la propagande contre l’Etat. L’acte d’accusation du dissident qui a été porté à la connaissance du public donne une image redoutable de l’attitude de la police à l’égard des protestataires. Dans l’introduction, il est dit que Lê Chi Quang a été arrêté en flagrant délit alors qu’il entrait dans un café Internet de Hanoi. Parmi les crimes du juriste, la conclusion cite un appel au pluralisme et au système du multipartisme, la diffusion d’écrits déformant la situation politique et les affaires intérieures du Parti communiste vietnamien, écrits risquant de faire perdre aux lecteurs toute confiance dans le Parti et le gouvernement.