Eglises d'Asie

Mindanao : en trois jours, autour de Noël, différents attentats causent la mort de trente personnes

Publié le 18/03/2010




Les 24 et 26 décembre dernier, trois attentats distincts ont causé la mort de trente personnes à Mindanao sans qu’il soit possible d’identifier avec certitude les motifs qui ont présidé à la réalisation de ces actes meurtriers. L’armée philippine a attribué les trois forfaits au Front moro de libération islamique (MILF), une information immédiatement démentie par un porte-parole du mouvement rebelle. Le MILF a rappelé que, si les négociations entre lui et Manille avaient été suspendues en octobre dernier, elles doivent reprendre en janvier 2003 en Malaisie.

Le premier attentat a été commis la veille de Noël, soit le 24 décembre dernier, à Datu Piang, dans la province de Maguindanao, au centre de l’île de Mindanao. Un obus de mortier transformé en bombe a explosé, tuant le maire de la ville, Saudie Amputuan, de religion musulmane, ainsi que quinze autres personnes. Le surlendemain, un blessé est décédé, portant à dix-sept le nombre des morts. Pour l’armée, le mode opératoire de l’attentat et la personnalité de Saudie Amputuan, qui appartient à un clan politique opposé au principal mouvement de guérilla musulmane de Mindanao, semble indiquer que le MILF serait à l’origine de l’attentat. Un porte-parole du mouvement a fermement démenti tout implication MILF.

Les deux autres attentats meurtriers ont été commis le 26 décembre dans deux autres provinces de Mindanao. Dans la province de Cotabato-Nord, deux motocyclistes ont lancé une grenade dans un petit restaurant de rue situé à 50 m. d’un poste de police dans la localité de Pikit, blessant quatre personnes dont une est décédée quelques heures plus tard. Quelques heures auparavant, douze employés locaux d’une compagnie minière canadienne avaient été tués dans la province de Zamboanga del Norte. Dix autres ont été blessés. Ils étaient tombés dans une embuscade tendue par des hommes armés. Selon la police, le MILF a coutume d’extorquer de l’argent des employés de cette société et serait responsable de l’attaque. Un porte-parole du mouvement musulman a démenti en ces termes : “Nous ne tuons pas des innocents. De plus, le MILF est en cours de négociation avec le gouvernement pour établir la paix.” Selon la branche locale de la Caritas, la société minière canadienne était en conflit avec des aborigènes opposés à ce que des opérations d’extraction minière soient menées sur leurs terres ancestrales ; les aborigènes se seraient plaints du harcèlement dont ils étaient victimes de la part de la société étrangère.

Avant cette série d’incidents meurtriers, la Semaine de la paix s’était, une fois encore, déroulée normalement à Mindanao. Co-organisée par le gouvernement et le Forum des évêques et des oulémas, instance de dialogue islamo-chrétien mise en place en 1996 par l’archevêque de Davao et un responsable religieux musulman de Mindanao (1), la Semaine de la paix a eu lieu du 28 novembre au 4 décembre 2002. Selon le P. Eliseo Mercado, OMI, récemment nommé chef de la Commission de médiation entre le gouvernement philippin et les groupes rebelles de Mindanao, “la Semaine de la paix a été un vrai succès : 20 000 personnes au moins y ont participé, chrétiens et musulmans de Mindanao. [.] Ce travail sert à démontrer que le conflit à Mindanao n’est pas un conflit de religion. Si les dirigeants et les fidèles, chrétiens et musulmans, se rencontrent, parlent entre eux dans la paix, s’estiment, on dément ainsi de manière concrète l’origine prétendument religieuse du conflit.” Le P. Mercado a ajouté que le principal problème était à présent l’urgence de la reconstruction pour redonner à la population une vie normale.