Eglises d'Asie – Inde
Nagpur : pour les citadins pressés en quête d’équilibre, de nombreux mouvements offrent une spiritualité dépouillée de références religieuses
Publié le 18/03/2010
Ce nouveau besoin a été bien compris par le grand nombre d’organisations spirituelles en activité au sein de la cité. Elles ont modifié les techniques spirituelles de l’Inde ancienne pour s’adapter aux nouvelles générations. La popularité des mouvements de style New Age a augmenté d’une manière foudroyante. Les adhérents de la vingtaine d’associations de la ville se réclamant de ce courant se comptent aujourd’hui par dizaines de milliers, autour de cent mille. La plupart des organisations d’aujourd’hui ont été fondées au cours des vingt années passées. Mais elles n’ont connu un développement important à Nagpur qu’au milieu des années 1990. Jusque là, ce sont vers des mouvements classiques, comme la mission de Ramakrishna, que se tournaient les personnes en quête de spirituel.
Gayatri Parivar fut la première association New Age à venir se fixer dans la ville. En 1994, année où le philosophe Acharya Shriram commença à propager sa spiritualité en ville, le mouvement n’avait encore que six adhérents. En huit ans, le nombre des disciples s’est élevé à 7 000. Nouvellement entré dans l’univers spirituel de Nagpur, le Asaram Bapu Charitable Trust s’enorgueillit déjà de ses 4 000 membres. Nombreux sont les autres associations, les centres spirituels ayant fait leur apparition ces toutes dernières années, qui comptent déjà des milliers de membres attirés par leur enseignement spirituel.
L’accent est mis sur la relaxation du corps et de l’esprit, sur l’introspection et le développement de la personnalité. La philosophie implicite de ces groupes est extrêmement individualiste et laisse entendre que la société est automatiquement réformée lorsque chaque citoyen est devenu un être humain vertueux. La plupart de ces organisations évitent soigneusement d’utiliser des techniques spirituelles, des (2), ou d’autres éléments ayant une connotation religieuse directe. Les techniques spirituelles utilisées dans l’ancienne tradition hindoue ont été modifiées et débarrassées de leur coloration religieuse. Ainsi le groupe Gayatri Parivar demande à ses adhérents de réciter le mantra Gayatri qui, selon l’enseignement du groupe, n’a rien de religieux. Ce mantra est juste une prière aux forces de la nature, implorant la grâce de la sagesse, une prière qui ne devrait heurter les fidèles d’aucune religion. En fait, un certain nombre de maisons de formation chrétienne font réciter des mantras à haute voix en prélude à la méditation. Dans le cours fondamental d’art de vivre du Vyakti Vikas Kendra, à la place des noms de divinités, les participants récitent : “Un, deux, trois, quatre” pour retenir leur souffle et, ensuite, ils expulsent l’air avec le célèbre son : “Aum”, dont les enseignant précisent qu’il n’est rien qu’un son, sans aucune implication religieuse.
On peut trouver plusieurs causes aux précautions prises par les groupes spirituels, visant à éliminer tout élément religieux de leur enseignement et de leur pratique. Cette absence de référence aux dogmes et aux rites leur permet une diffusion plus large et plus rapide dans le monde occidental sans référence aux traditions hindoues. Une spiritualité de ce type est également mieux admise des élites indiennes qui, souvent manifestent une vraie aversion pour tout ce qui est ouvertement religieux.