Eglises d'Asie

Selon certains observateurs locaux, les catholiques s’intéressent de façon plus attentive qu’auparavant à la vie politique du pays

Publié le 18/03/2010




Les élections municipales qui ont eu lieu le 7 décembre 2002 dans tout le pays n’ont pas été seulement l’occasion de mesurer le rapport de force existant entre le parti au pouvoir, le DPP du président Chen Shui-bian, et le Kuomintang, dans l’opposition depuis l’élection de Chen à la présidence de la république en mars 2000. Selon des observateurs locaux, ces élections ont été aussi l’occasion de constater que les catholiques taiwanais prenaient une part grandissante à la vie politique du pays, en s’intéressant davantage qu’auparavant à l’actualité politique, que ce soit au plan local ou national.

A Kaohsiung, la grande métropole du sud de l’île, l’intérêt des catholiques pour la chose politique était évident à la lecture de catholique Shantao, la publication du diocèse catholique de Kaohsiung. Pour la première fois, ce journal a consacré deux pages aux candidats catholiques qui se présentaient devant les électeurs pour la mairie et le conseil municipal de la ville et pour ceux de Taipei, la capitale du pays. Selon une catholique de Kaohsiung, le fait est remarquable dans la mesure où les responsables catholiques ont la réputation de se tenir à l’écart de la politique et ne donnent jamais de consigne de vote. L’intérêt du journal diocésain pour la campagne électorale doit cependant être mis en balance avec le fait, a encore estimé cette catholique, que ces élections ont rarement constitué un sujet de discussion dans les paroisses de Taipei. A Kaohsiung, peu de personnes parmi les catholiques avaient connaissance du fait qu’un des candidats à la mairie, Shih Ming-te, un militant des droits de l’homme de longue date, emprisonné trois fois entre 1962 et 1990, était de confession catholique.

Toujours selon cette catholique, l’attitude de l’Eglise catholique contraste avec celle de l’Eglise presbytérienne de Taiwan. En effet, les pasteurs de cette dénomination protestante n’hésitent pas – et depuis longtemps – à évoquer les questions politiques lors de leurs prêches dominicaux et à prendre position, l’engagement de l’Eglise presbytérienne pour la cause indépendantiste étant de notoriété publique.

Dans le contexte politique taiwanais actuel où la question des relations avec la Chine continentale le dispute en importance aux retombées de la crise économique que traverse le pays, les avis des catholiques sont partagés quant à la vigueur de la vie politique locale. Selon Tsai Hsin-te, ancien cadre dirigeant du DPP et paroissien de la cathédrale de Kaohsiung, la démocratie taiwanaise et les partis politiques du pays sont “immatures” tant le pouvoir corrompt facilement les gens qui le servent. “Il n’est pas facile pour un catholique de rester ferme et de défendre ses principes. C’est à cause de cela que j’ai cessé de faire de la politique”, commente-t-il. Pour d’autres, tel Joseph Yeh Hui-ming, directeur du Centre catholique social San Tao à Kaohsiung, “les Taiwanais se montrent de plus en plus rationnels et mûrs dans leur expression politique”. Selon Liang Chang-ching, une catholique qui a successivement épousé la cause de différents partis politiques, les catholiques aujourd’hui se préoccupent moins de savoir combien de catholiques seront élus lors des prochaines élections que de savoir qui saura sortir Taiwan de la crise économique actuelle.