Eglises d'Asie

Deux dissidents de longue date ont été arrêtés à la fin de l’année 2002

Publié le 18/03/2010




La liste des dissidents arrêtés par la police vietnamienne s’est encore allongée durant les derniers jours de l’année 2002 (1). Deux personnalités bien connues appartenant aux cercles de l’opposition au régime actuel ont été arrêtées le 28 et 29 décembre dernier à Hô Chi Minh-Ville. Selon Radio Free Asia qui, la première, a donné la nouvelle, lors de son arrestation, le journaliste et ancien colonel de l’armée populaire, Pham Quê Duong, et son épouse s’apprêtaient à prendre le train pour regagner Hanoi après un court séjour à Hô Chi Minh-Ville où ils avaient été rendre visite à quelques amis dont le professeur Trân Khuê, un autre dissident en résidence surveillée dans sa propre maison. Ils ont été appréhendés à la gare de Saigon, le 28 décembre à 16 heures. Selon la même source, le professeur Trân Khuê, a été arrêté chez lui après que la police eut procédé à une perquisition complète de la maison et confisqué un ordinateur et de nombreux documents. Douze jours plus tard, le 9 janvier 2003, le porte parole des Affaires étrangères vietnamiennes, Mme Phan Thuy Thanh, confirmait l’arrestation des deux dissidents qui, selon elle, avaient été surpris en flagrant délit d’activités violant la loi du Vietnam et seraient jugés conformément aux lois du pays.

Les deux dissidents s’étaient fait connaître en septembre 2001 en proposant aux autorités de créer un Forum populaire indépendant chargé de lutter contre la concussion. Deux jours plus tard, les auteurs de la proposition étaient arrêtés par la police et gardés une matinée pour interrogatoire. Un peu plus tard au mois de novembre 2001, M. Pham Quê Duong était parmi les signataires d’une lettre adressée à l’Assemblée nationale, qui demandait des explications au sujet d’un traité entre le Vietnam et la Chine rectifiant les frontières entre les deux pays apparemment au désavantage du Vietnam. Le jour du nouvel an lunaire en janvier 2002, il avait envoyé aux autorités une demande de candidature aux élections législatives qui ne reçut jamais de réponse.

Diverses associations internationales des droits de l’homme ont immédiatement protesté à la nouvelle de l’arrestation. A l’intérieur du pays, certaines personnalités ont vigoureusement réagi. Le 5 janvier, le religieux rédemptoriste bien connu, le P. Chân Tin, a diffusé sur Internet un texte exprimant ses sentiments à ce sujet, intitulé : “Libérez immédiatement les deux patriotes, Trân Van Khuê et Pham Quê Duong Il y affirme qu’en procédant à l’arrestation des deux dissidents parfaitement innocents, l’Etat vietnamien s’appuyait sur la loi de la jungle. Un écrivain du Nord-Vietnam, Hoan Tiên, résidant à Hanoi, a lui aussi diffusé sur le réseau Internet une lettre de nouvel an adressée aux dirigeants et datée du 1er janvier. Il rappelle que la principale faute des deux dissidents est d’avoir essayé de créer un Forum populaire indépendant de lutte contre la concussion, répondant ainsi aux voeux répétés et affichés de l’Etat et du Parti depuis de nombreuses années. Leur arrestation, poursuit-il, montre que les prétendues campagnes de l’Etat et du Parti pour mettre un terme à ce qui est sans doute le plus grand fléau du Vietnam ne sont que des manifestations de leur hypocrisie. Il étend ensuite sa protestation à l’ensemble de la répression exercée aujourd’hui contre l’opposition politique au régime en place, ainsi que contre les milieux religieux. Il évoque diverses personnalités religieuses comme le P. Nguyên Van Ly, aujourd’hui en prison, les responsables du bouddhisme unifié et du bouddhisme Hoa Hao en résidence surveillée. L’écrivain met également en cause la prétention des autorités politiques de contrôler, voire de diriger les affaires religieuses du pays. “En haut lieu, dit-il, on ne sait pas qui est Jésus, qui est Bouddha, mais on continue de vouloir administrer les religions ! Comment les fidèles ne seraient-ils pas mécontents ?”