Eglises d'Asie

Revendiqué par les communistes, le plasticage du buste géant représentant l’ancien dictateur Ferdinand Marcos est critiqué par un évêque qui y voyait une représentation du “mal”

Publié le 18/03/2010




Le 30 décembre dernier, au lendemain du plasticage du buste géant représentant l’ancien dictateur Ferdinand Marcos sur les flancs d’une colline de la province de Benguet, face à la mer de Chine, dans le nord du pays, des membres du Parti communiste des Philippines et de son bras armé, la NPA (Armée pour un peuple nouveau), ont publié le communiqué suivant : “Que ces ruines demeurent en forme de rappel pour les crimes que les Marcos n’ont toujours pas payés !” Le lendemain, Mgr Oscar Cruz, archevêque de Lingayen-Dagupan, dont l’archidiocèse est voisin du vicariat apostolique de Baguio, où se trouve le buste détruit, a déclaré que les responsables de l’attentat “n’auraient jamais dû détruire ce monument, symbole du mal dans notre pays”. Selon lui, le buste, édifié en béton armé à la manière dont le portrait des pères fondateurs des Etats-Unis a été sculpté sur le mont Rushmore, représentait “un monument du mal, mettant en garde les gens sur le fait de ne jamais devenir ce que cet homme [Ferdinand Marcos] était devenu”.

Mort en exil à Hawaii, aux Etats-Unis, en 1989, après avoir été chassé du pays en 1986, Ferdinand Marcos était poursuivi par la justice de son pays pour avoir détourné à son profit des milliards de dollars. Sa femme Imelda, qui est depuis retournée vivre aux Philippines, fait l’objet d’une action en justice pour les mêmes chefs d’accusation. Bâti au début des années 1980, le buste de Benguet a été dès l’origine sujet à controverse. Selon la Sour Paz Rimando, directrice aujourd’hui à la retraite du bureau d’action sociale du vicariat de Baguio, le buste ainsi que le terrain de golf et le projet immobilier construits autour ont été édifiés sur des terres ancestrales de la tribu autochtone des Ibaloi. En 1986, après la chute de Marcos, des membres de la tribu étaient venus sacrifier un buffle et un cochon sur les lieux et avaient répandu le sang sur le monument afin de l’“exorciser” avant d’intenter une action en justice pour réclamer leurs terres.