Eglises d'Asie

A l’occasion du nouvel an lunaire, le patriarche du bouddhisme unifié incite les fidèles au courage et à l’action sociale non violente

Publié le 18/03/2010




A l’occasion de la nouvelle année lunaire (Quy Mui), le vénérable Thich Huyên Quang a envoyé un message aux bouddhistes vietnamiens dans lequel il les encourage à résister fermement à la répression politique et religieuse et à engager une lutte non violente pour la démocratie, la liberté religieuse et le respect des droits de l’homme ; le religieux, âgé de 85 ans, est le plus haut dignitaire de cette importante partie du bouddhisme vietnamien qui a refusé de se rallier à l’Eglise bouddhiste du Vietnam fondée en 1981 sous le patronage du Front patriotique du Vietnam et du bureau des Affaires religieuses. Sa lettre est envoyée clandestinement depuis la pagode de Quang Phuoc dans la province du Quang Ngai, où il est exilé depuis février 1982, comme il le rappelle lui-même au début de sa lettre.

En quelques lignes, le religieux trace un tableau très sombre de la société qui selon lui traverse une crise sérieuse. Les valeurs morales y sont en déclin, les problèmes sociaux se multiplient, les bandes et les partis y règnent en toute impunité. Face à cet état de choses, les bouddhistes ne doivent pas baisser les yeux ou accepter la situation. Ils doivent mettre en application dans leur vie quotidienne les ‘six principes bouddhiste de la vie paisible et harmonieuse La mise en ouvre de ces principes contribuera à édifier une société fondée sur “l’égalité éthique” c’est à dire l’élimination des classes et de la discrimination raciale, et sur “l’égalité et l’harmonie sociales à savoir la diminution de l’écart existant entre riches et pauvres, un écart creusé par la récente libéralisation économique qui a marginalisé encore davantage le monde paysan vietnamien. Les bouddhistes, dit le responsable religieux, doivent faire preuve de courage et participer à l’action sociale en tous les domaines, en suivant l’exemple de leurs ancêtres.

Dans sa conclusion, le vénérable Thich Huyên Quang observe que jamais, dans l’histoire du Vietnam, les bouddhistes vietnamiens, religieux ou laïques, vivant dans le pays ou à l’étranger, n’ont été aussi nombreux. Il ajoute que le rôle des bouddhistes de la diaspora vietnamien devient aujourd’hui d’une importance décisive, car les dirigeants traditionnels du bouddhisme sont aujourd’hui ou en prison ou en résidence surveillée, ou empêchés d’accomplir leur mission. C’est pourquoi, il appelle ces derniers à perpétuer l’esprit du bouddhisme vietnamien et à se faire, à l’étranger, les porte-parole de leurs coreligionnaires victimes de la répression.

Selon le Bureau international bouddhiste qui a transmis ce message (1), celui-ci est diffusé alors qu’une certaine tension existe entre les autorités gouvernementales et l’Eglise bouddhiste du Vietnam, pourtant patronnée par le Front patriotique. Lors du dernier congrès de cette Eglise à Hanoi, le bureau gouvernemental des Affaires religieuses a interdit que soit élevé le drapeau bouddhiste aux sept couleurs, universellement reconnu comme l’insigne du bouddhisme. Lê Quang Vinh, président du Bureau des Affaires religieuses, aurait affirmé que ce drapeau n’était pas vietnamien et que le seul autorisé était celui de la République socialiste du Vietnam. On rappelle, à ce propos, que, peu de temps avant le coup d’Etat où le président Ngô Dinh Diêm devait trouver la mort, un ordre identique avait déclenché à Huê les protestations massives de la population bouddhiste.