Eglises d'Asie

Dans l’Eglise catholique de Taiwan, le nombre des vocations sacerdotales stagne mais le rôle du laïcat est de plus en plus important

Publié le 18/03/2010




La participation des laïcs est de plus en plus importante dans la vie de l’Eglise catholique à Taiwan mais les vocations sacerdotales se raréfient, tel est le constat formulé par plusieurs évêques de Taiwan au début du mois de décembre dernier. L’archevêque de Taipei, Mgr Joseph Ti Kang, a souligné que, dans son archidiocèse, la promotion des laïcs était un grand succès : « Les laïcs sont à l’origine d’un grand nombre d’initiatives et d’activités qu’ils réalisent par eux-mêmes. » Ce sont eux, par exemple, qui ont créé, en 1968, la branche locale de la Caritas et la Mission catholique taiwanaise, témoins l’une et l’autre de l’amour de Dieu pour les plus démunis. Ces deux organisations sont placées sous l’autorité de la Conférence régionale chinoise des évêques catholiques (CRBC) de Taiwan. Mgr Ti, qui est aussi président de la Commission pour les laïcs de la CRBC, a rappelé également que le succès des écoles catholiques de Taipei était du pour beaucoup au dévouement de leurs responsables laïques.

Pour Mgr Luke Liu Hsien-tang, évêque de Hsinchu et membre de la Commission pour les laïcs de la CRBC, les laïcs ont effectivement pris leur part dans la croissance de l’Eglise. Il a rappelé que, dans l’esprit de Vatican II, son diocèse comportait trois centres de formation des laïcs. Mgr Andrew Tsien Tchew-choenn, ancien évêque de Hualien, partage la même analyse, faisant remarquer que ce souci de formation avait développé chez les laïcs un intérêt grandissant, non seulement pour les choses de l’Eglise, mais pour les problèmes de société également.

En contraste avec cette évaluation optimiste du rôle du laïcat, les évêques ont voulu exprimer leur inquiétude face au petit nombre des vocations sacerdotales à Taiwan. Mgr Ti attribue la difficulté aux problèmes familiaux dominant la société. « De nombreux couples, a-t-il noté, choisissent de ne pas avoir d’enfants ; les divorces, les familles monoparentales et les violences familiales sont de plus en plus courants. Comment des vocations pourraient-elles éclore dans un tel contexte ? » Certains séminaristes eux-mêmes demandent une assistance psychologique parce qu’issus de familles désunies, a-t-il relevé. Mgr Peter Liu Cheng-chung, évêque de Chiayi, a signalé de son côté que le manque de vocations avait poussé le petit séminaire du Sacré Cour de son diocèse à organiser une rencontre mensuelle de jeunes catholiques avec, comme visée particulière, les enfants des anciens séminaristes retournés dans le monde. Des rencontres de prière pour les vocations sont également organisées chaque semaine dans les paroisses. Malgré les difficultés, Mgr Ti a insisté pour dire que rien n’était perdu, donnant comme exemple un prêtre de son diocèse qui rassemble près de 80 jeunes chaque mois pour une rencontre de prière et de discernement.

En revanche, la situation du diocèse de Hualien est bonne. 95 % des fidèles sont des aborigènes et les vocations sont en hausse. Beaucoup de prêtres et de séminaristes avaient perdu leur vocation entre les années 1960 et 1970, si bien que de grands efforts ont été alors entrepris pour améliorer la formation des prêtres. A l’occasion de l’année jubilaire, pensant aux difficultés auxquelles se heurtent les familles, un Congrès pour l’Evangélisation face au nouveau millénaire avait été mis sur pied et avait, pour l’an 2000, fait de la famille sa priorité.

L’archevêque de Taipei a rappelé également que le culte des ancêtres et l’introduction de certaines traditions chinoises dans la liturgie avaient été favorablement accueillies par les catholiques et aidaient à donner de l’Eglise une nouvelle image aux yeux des non-catholiques. Mais l’archevêque a exprimé son désaccord à l’égard des « pro-indépendantistes » qui demandent que Taiwan mette en veilleuse son identité culturelle chinoise. « C’est artificiel, a-t-il déclaré. Si nous supprimons tout ce qui est chinois, que nous restera-t-il ? Ne pas avoir d’identité reconnue, c’est ne pas avoir de culture. » Il a aussi reconnu que quelques prêtres, très peu nombreux, soutenaient le mouvement indépendantiste mais ils souhaitent que ses pairs disent clairement combien cette option est aberrante.

Selon les statistiques de l’Eglise taiwanaise de 2000, 600 prêtres environ sont au service de près de 300 000 catholiques, mais la moitié d’entre eux sont des missionnaires étrangers âgés.