Eglises d'Asie

Kerala : après avoir été blessé par des extrémistes, un pasteur américain est expulsé de l’Inde pour activités religieuses non autorisées

Publié le 18/03/2010




Un missionnaire américain, hospitalisé après avoir été agressé et blessé par un groupe d’extrémistes hindous au cours d’une assemblée biblique, vient de recevoir de la police locale l’ordre de quitter l’Inde dans les sept jours. C’est le 20 janvier que le chef de la de police du district de Thiruvananthapuram, T.K. Vinod Kumar, a présenté cette sommation au révérend Joseph Cooper, pasteur pentecôtiste natif de Pennsylvanie, en tournée en Inde pour y assurer un certain nombre de prédications. Le policier a expliqué à la presse que cette décision avait été prise par le gouvernement fédéral en vertu d’une loi de 1995 interdisant aux étrangers, venus dans le pays avec un visa de tourisme, de se livrer à des activités religieuses. Il a cependant ajouté que la mesure prise contre l’ecclésiastique américain ne signifiait en aucune façon que ses agresseurs bénéficieraient de l’impunité. “Ils seront certainement punis a-t-il souligné.

Aux questions qui lui ont été posées sur son lit d’hôpital, le pasteur a répondu qu’il avait déjà pardonné à ses agresseurs et qu’il était persuadé que ceux-ci avaient agi par ignorance. Il était arrivé dans le Kerala au début du mois de janvier pour intervenir dans une série d’assemblées bibliques organisées par l’Eglise des amis de la Bible, un groupe religieux local. C’est le 13 janvier, à Kilimanur, près de Thiruvananthapuram, la capitale du Kerala, qu’il a été la victime d’un groupe d’individus que l’on soupçonne être des extrémistes hindous. Il venait de finir son exposé biblique et regagnait sa voiture lorsque ses agresseurs l’ont assailli, lui et ses amis pasteurs. Il a alors été frappé à coups de barres de fer et poignardé. Souffrant d’une entaille profonde, il a immédiatement été admis à l’Institut des sciences médicales de la ville où il était encore soigné lorsque la police est venue lui signifier son expulsion.

C’est la section locale du bien connu Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou, VHP) qui a suggéré au gouvernement d’arrêter l’Américain pour activités criminelles. Kummanam Rajasekharan, le secrétaire du VHP pour le Kerala, a fait valoir que les lois interdisaient aux étrangers munis d’un visa de tourisme de s’engager dans des activités de prédication. Les touristes n’auraient que le droit de faire des excursions et de rendre visite à leurs parents et amis. En foi de quoi, il a demandé aux autorités de prendre des mesures contre le pasteur américain et son équipe pour diffamation contre l’hindouisme et ses traditions et pour tentative de conversion de la population pauvre et de basse caste en employant la séduction et la contrainte.

Le cardinal Varkey Vithayathil, archevêque de Ernatkulam-Angamaly, dans un communiqué publié le 17 janvier, a qualifié les demandes du VHP d’outrageantes et l’attaque du pasteur américain de désaveu de la tradition indienne de l’hospitalité qui accueille l’hôte comme Dieu lui-même. Selon le prélat, certains groupes ont recours à la violence pour faire valoir une différence d’opinion normale en pays démocratique. Il a souligné que le discours de quelques dirigeants hindous entraîne les fidèles à la violence et ébranle les fondements démocratiques de l’Inde.

Les responsables de la police de Kilimanur où a eu lieu l’attentat ont annoncé qu’ils avaient arrêté sept militants de l’organisation fondamentaliste, le Rashtriya Swayamsevak Sangh (Corps national des volontaires, RSS) et en recherchaient cinq autres. Ce serait eux les vrais coupables. Cependant dans un communiqué publié le 18 janvier, le groupe d’extrême droite a démenti absolument que ses membres aient été impliqués dans l’attaque du pasteur. L’arrestation des sept militants par la police n’aurait eu d’autre motif que de porter tort à l’association.