Eglises d'Asie

Le dalai lama préside le Kalchakara Puja, la plus grande fête du bouddhisme tibétain, à Bodh Gaya, sur les lieux de l’illumination de Bouddha

Publié le 18/03/2010




Dans l’Etat du Bihar, à Bodh Gaya, ont commencé le 12 janvier dernier, les premières cérémonies du Kalchakra Puja, une fête du bouddhisme tibétain, qui dure neuf jours. Cette célébration, selon les organisateurs, a attiré, cette année, dès le premier jour, une foule énorme venue de tous les coins du monde, estimée à 150 000 personnes le premier jour. Cette vaste assemblée, qui a grossi encore dans les jours qui ont suivi jusqu’à réunir 200 000 personnes, a participé aux cérémonies à 400 mètres du sanctuaire commémorant le lieu où Gautama Bouddha est parvenu à l’illumination, il y a 2500 ans. Trois jours auparavant, le dalai lama déjà présent sur les lieux, avait nommé et béni 13 000 moines et religieuses tibétaines ainsi que 2 100 laïcs. Tous étaient promus au statut de cérémoniaires chargés de veiller au bon accomplissement des différents rituels au cours des neuf jours de fête. Avant la bénédiction, les 15 100 cérémoniaires, choisis avec beaucoup de soin parmi les religieux et laïcs présents sur les lieux, avaient, pendant trois heures, été instruits du déroulement des cérémonies, souvent fort complexe. Ils devaient, en effet, être soumis à une série d’épreuves spirituelles et physiques difficiles au cours de ce cérémonial de neuf jours.

Le discours d’introduction a été prononcé par le chef du bouddhisme tibétain, participant à cette fête en compagnie d’un autre dirigeant bouddhiste, le 17e karmapa, Ugyen Trinley Dorjee. Ses propos, immédiatement traduits en plusieurs langues, ont porté sur la signification de la fête célébrée en ce haut-lieu du bouddhisme. Selon lui, elle est destinée à apporter l’esprit de non-violence et de paix à un monde confronté au danger de l’holocauste nucléaire qui pourrait faire disparaître une moitié de l’humanité de la surface du globe par le simple effet d’une pression sur le bouton nucléaire. Selon, le religieux, seul le rejet du matérialisme, la culture de la spiritualité et l’amour pour l’humanité peuvent aider les hommes.

Quant aux divers rituels pratiqués tout au long de la fête du Kalchakra Puja, ils ont été commentés par Sonam N. Dagpo de la section de l’Information et des Relations internationales auprès du gouvernement tibétain en exil. Les cérémonies s’appuient sur des anciens textes bouddhistes du grand véhicule. Elles se développent selon deux étapes. La première invite chaque participant à se considérer comme un élément du divin. Au cours de la seconde, le fidèle bouddhiste procède à sa purification personnelle. Selon la foi du bouddhisme tibétain, les prières prononcées et le rituel célébré conduisent l’assistance vers la compréhension suprême et peuvent lui faire atteindre l’illumination.

Au cours de la cérémonie, une publication officielle du gouvernement tibétain en exil à Dharamsala, dans l’Etat de Himachal Pradesh, a été distribuée à l’assistance. Le livret de 38 pages cite les paroles du dalai lama : “Ce que je recherche pour le peuple tibétain est que celui-ci retrouve son autonomie afin de préserver sa culture, sa religion, son langage et son mode de vie…” Le chef religieux et temporel du peuple tibétain y affirme aussi que le gouvernement chinois tergiverse en attendant son décès dans l’espoir qu’avec lui disparaîtra la cause de l’indépendance de son pays. Il se déclare également favorable à des pourparlers avec la Chine qui garantiraient l’autonomie de son pays dans le cadre de la constitution chinoise.

La veille même du début des cérémonies de la fête du Kalchakra Puja, treize moines bouddhistes appartenant à un groupe qui demande l’expulsion du dalai lama et du 17e karmapa hors du pays, ont été arrêtés par la police alors qu’ils menaçaient de s’immoler si le dalai lama ne s’entretenait pas avec eux avant le début du festival. Accusés de tentative de suicide et de trouble à l’ordre public, ils ont été placés dans un centre d’internement de Bodh Gaya où ils ont entamé une grève de la faim.