Eglises d'Asie – Taiwan
Les chrétiens taiwanais font bon accueil à la loi qui demande aux jeunes couples de suivre un stage de préparation au mariage
Publié le 18/03/2010
L’article 14 de la nouvelle loi, promulguée fin janvier par le président Chen Shui-bian, recommande avec insistance aux instances gouvernementales de proposer des « mesures » capables d’inciter les jeunes couples à suivre un cours de préparation au mariage d’une durée minimale de quatre heures. Ces cours fonctionnent déjà dans les centres officiels d’éducation familiale.
Ces stages ont pour objet d’aider les couples à mieux prendre conscience de ce qu’est la vie familiale et insistent sur la gestion des crises et des conflits, la communication interpersonnelle, l’adaptation à la vie conjugale et la gestion du budget familial. La loi stipule également que toutes les écoles primaires et secondaires, en association avec les parents, devront traiter des relations inter-parentales dans des cours d’une durée minimum de quatre heures pour chaque année scolaire.
D’après la députée catholique Chiang Chi-wen, partisane de la nouvelle loi, les familles désunies sont génératrices de multiples problèmes sociaux. Une enquête citée par elle indique que 46 % des jeunes délinquants sont issus de familles désunies. Selon elle, 96 % des parents de délinquants juvéniles ne savent pas ce que signifie le fait d’être parents. Le 13 janvier dernier, Chiang Chi-wen a affirmé qu' »il était grand temps d’aborder les causes profondes de ces nombreux problèmes sociaux », car les lois actuelles sont inadaptées à leur résolution. Dans le passé, Taiwan comptait sur la police et les services sociaux pour canaliser la violence familiale, l’usage de stupéfiants, les viols et la prostitution de mineurs. « Nous avons beaucoup fait en aval, mais le cour du problème est dans les familles a-t-elle souligné, faisant remarquer que les cours prénuptiaux de l’Education nationale devront tenir compte des évolutions de la structure familiale à Taiwan, y compris l’émergence de familles monoparentales ou de familles où les deux parents travaillent, des familles où ce sont les grands-parents ou des personnes salariées qui élèvent les enfants.
Selon des statistiques gouvernementales de 2001, Taiwan comptait cette année 370 000 familles monoparentales ; dans quatre couples sur dix, les deux conjoints travaillent ; un couple sur dix confie ses enfants à la garde des grands-parents.
En réponse aux critiques qui pensent que cette éducation familiale à l’école ne fera que renforcer certains préjugés chinois sur l’inégalité des sexes, réservant par exemple au mari le rôle de gagne-pain et à la femme la garde du foyer, Chiang Chi-wen a affirmé que ces arguments appartenaient au passé et que de telles valeurs avaient peu de chance d’être acceptées aujourd’hui.
Chiang Chi-wen, vice-présidente de l’Ordre des Chevaliers du St Sépulcre de Taiwan, a admis que c’étaient les programmes catholiques de préparation au mariage qui l’avaient incitée à plaider en faveur de cette loi. Elle a fait observer que des groupes religieux politiquement responsables comme veut l’être l’Eglise catholique assuraient la bonne marche de la plupart des conseils prénuptiaux existant à Taiwan et que le public semblait y prendre intérêt.
Selon Sour Clara Wu, secrétaire de la Commission de la famille de la Conférence des évêques de Taiwan, l’efficacité de la nouvelle loi dépendra principalement de la valeur accordée à l’éducation familiale. Selon son témoignage, un programme de conférences prénuptiales par petits groupes mis sur pied par le Comité de préparation au mariage de l’archidiocèse de Taiwan commençait à connaître un certain succès.