Eglises d'Asie

Les évêques catholiques de rite latin déclarent que l’évangélisation est un droit fondamental et que les chrétiens doivent se donner les moyens de l’exercer

Publié le 18/03/2010




A l’issue de la réunion annuelle qu’ils ont tenue, du 15 au 19 janvier 2003, au séminaire Saint Paul de Tiruchirappalli, les 116 membres de la Conférence épiscopale de rite latin ont tenu à exprimer publiquement leurs inquiétudes concernant le retour en force dans le pays du “nationalisme militant mono-culturel” qui cherche à identifier l’indianité à une culture et à une religion. Ils ont également solennellement déclaré que l’évangélisation faisait partie des droits de l’homme.

Le thème choisi, cette année, pour les débats de la conférence avait été ainsi formulé : “Partage de la Bonne Nouvelle Résumant les travaux de l’assemblée épiscopale, le communiqué final affirmait que la “proclamation du mystère du Christ est la mission première de chaque chrétien” ainsi que “l’activité essentielle de l’Eglise”. “Nous ne pouvons pas être disciples du Christ sans proclamer son message ont souligné encore les évêques. C’est pour cela que l’évangélisation doit être considérée comme un “droit de l’homme”. A ce droit des chrétiens correspond le droit des autres de connaître ce message et de décider pour eux-mêmes d’y donner une réponse libre.

Tout en affirmant leur sympathie pour “tout renouveau culturel authentique les évêques n’ont pas caché que leurs déclarations actuelles allaient à contre-courant des tentatives d’un certain nombre de groupes nationalistes pro-hindous voulant faire de l’Inde une nation théocratique. Un dirigeant du Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou, VHP) n’a-t-il pas déclaré récemment que l’Inde devrait être totalement hindoue en 2005 ? Pour atteindre cet objectif, l’extrême droite hindoue s’oppose au travail éducatif et social des chrétiens, considéré par elle comme un simple prétexte pour convertir la population et l’arracher à ses divers milieux sociaux. Cette idéologie s’est traduite ces dernières années par de nombreuses agressions violentes contre les deux principales minorités religieuses du pays, l’islam et le christianisme. Les troubles du Gujarat, l’année dernière, en ont été l’illustration la plus sanglante (1). C’est ce nationalisme intolérant que la loi sur les conversions adoptée par le Tamil Nadu a voulu inscrire dans la législation locale.

“Toutes ces difficultés, oppositions, voire persécutions, ont affirmé les évêques, ne nous détourneront pas de la proclamation de la Bonne Nouvelle.” En dépit du courant contraire, le communiqué note qu’un nouvel enthousiasme pour l’évangélisation anime l’Eglise de l’Inde aujourd’hui. Le renouveau charismatique, les communautés chrétiennes de base, les communautés humaines de base et les mouvements bibliques ont contribué à développer ce nouvel état d’esprit dans l’Eglise. Cependant, certains obstacles continuent de freiner ce mouvement, en particulier l’esprit de discrimination en fonction des castes qui, en beaucoup d’endroits du pays, continue d’influencer les esprits des chrétiens.

Selon les évêques, l’évangélisation, dans les circonstances actuelles, devrait s’appuyer non sur des expositions doctrinales mais sur l’approfondissement de la vie de prière et de la contemplation. Dans cette même perspective de l’évangélisation, les cérémonies liturgiques devraient davantage faire place à l’intériorisation, au silence et à la méditation. Les évêques ont également demandé aux fidèles de se sensibiliser aux diverses cultures de l’Inde, en particulier celles des minorités ethniques et des populations de basse caste.

A ce droit à l’évangélisation, correspond également pour l’Eglise la nécessité d’avoir davantage recours aux divers médias en usage aujourd’hui, de préparer les religieux et les laïcs, particulièrement les jeunes, à cette transmission du message. Les nouveaux forums offerts aux chrétiens par l’arrivée des technologies nouvelles doivent être utilisés par l’Eglise pour faire entendre sa voix sur les diverses questions sociales, sur les droits de l’homme et sur les problèmes qui tourmentent la population.