Eglises d'Asie

Moluques : par un verdict très “politique”, un tribunal de Djakarta a condamné à une peine de trois ans de prison ferme deux dirigeants du Front de souveraineté des Moluques

Publié le 18/03/2010




Le 28 janvier dernier, un tribunal de Djakarta a prononcé une peine de prison de trois ans ferme à l’encontre des deux dirigeants du Front de souveraineté des Moluques (FKM), Alex Manuputty et Semmy Waileruny. Les deux hommes, chrétiens, ont été jugés in absentia, ayant préféré quitter la capitale indonésienne le 7 janvier pour regagner les Moluques. Reconnus coupables d'”acte de subversion visant à diviser l’Etat unitaire de la République d’Indonésie ils risquaient théoriquement la prison à vie. Le ministère public avait demandé dans son réquisitoire une peine de réclusion de cinq ans pour chacun des deux hommes et le président du tribunal I Wayan Padang Pujana a tranché pour une peine de trois ans. Même si les avocats des deux Moluquois ont fait appel de la sentence, suspendant ainsi son exécution, les observateurs se sont accordés pour qualifier le verdict de très politique.

En effet, jeudi 30 janvier (1), un autre tribunal devait se prononcer sur le sort de Jafar Umar Thalib, le chef des Laskar Jihad, la milice musulmane extrémiste fondée en 2000 et qui a contribué à faire régner la terreur aux Moluques avant de prononcer son autodissolution le 15 octobre 2002 (2). Selon toute probabilité, Jafar Umar Thalib sera condamné à une peine de prison ferme. Dans ce contexte, nombre d’analystes locaux ont commenté le procès des deux dirigeants du FKM comme une tentative des autorités indonésiennes de présenter les extrémistes tant musulmans que chrétiens comme également responsables des violences meurtrières et des affrontements intercommunautaires qui ont endeuillé les Moluques de 1999 à 2002.

L’arrestation des deux dirigeants du FKM remonte au 17 avril dernier. Arrêtés à Amboine, chef-lieu de la province des Moluques, au motif qu’ils avaient encouragé leurs partisans – dont l’ensemble des observateurs s’accordent à dire le petit nombre et la faible influence sur la communauté chrétienne des Moluques – à hisser les couleurs de la République des Moluques du Sud (3), Alex Manuputty, 55 ans, et Semmy Waileruny, 45 ans, avaient été placés en détention préventive jusqu’au 28 décembre dernier. A cette date et en vertu des dispositions du Code pénal indonésien, ils ont été libéré et ont regagné Amboine le 7 janvier 2003, arguant du fait que les autorités refusaient de rembourser leurs frais de séjour dans la capitale en l’attente du verdict. Joint au téléphone par l’agence Associated Press, Alex Manuputty a déclaré le 28 janvier ne pas avoir été officiellement informé de la peine prononcée contre lui. Interrogé sur son attitude à venir, il a déclaré qu’il ne se livrerait pas de lui-même aux autorités et qu’il “s’opposerait au verdict d’une manière non violente”.