Eglises d'Asie

Au début de l’année 2003, la politique religieuse est à l’ordre du jour aussi bien au Comité central du Parti qu’au Bureau des Affaires religieuses du gouvernement

Publié le 18/03/2010




En ce début de l’année 2003, l’Etat et le Parti communiste vietnamiens, en leurs plus hautes instances, se sont montrés préoccupés par le problème religieux. Les séquelles des troubles du mois de février 2002 sur les Hauts Plateaux du Centre-Vietnam et la situation délicate qui y règne aujourd’hui sont sans doute pour une grande part dans cette préoccupation. On peut penser aussi que les mises en cause publiques de l’état de la société vietnamienne actuelle par des hauts responsables de religions bénéficiant de la reconnaissance officielle constituent peut-être pour le pouvoir vietnamien une menace encore plus grande. Ces derniers temps, du sein du bouddhisme unifié, du catholicisme, du protestantisme évangélique, des voix se sont élevées protestant non seulement contre la gestion des affaires religieuses par l’Etat et le Parti, mais aussi contre les conditions de fonctionnement imposées à la société civile vietnamienne aujourd’hui (1). Toujours est-il qu’à l’occasion de deux événements importants de la vie politique, à savoir le 7ème plenum du Comité central du Parti (après le 9ème Congrès) qui s’est tenu à Hanoi du 13 au 21 janvier 2003 et le congrès de révision des activités religieuses de l’année par le Bureau des Affaires religieuses, qui a eu lieu le 21 janvier, l’actualité et les problèmes précis de l’heure en matière religieuse ont été largement évoqués et discutés. Des orientations ont été tracées concernant les années à venir.

Les plenums qui ont lieu à intervalles irréguliers entre les Congrès du Parti sont toujours significatifs de l’actualité et des crises traversées par le pays et le Parti. Le 7ème plénum, dès son ouverture, le 13 janvier, avait annoncé les grands sujets dont il débattrait, à savoir la question des ethnies minoritaires et les problèmes soulevés par les religions au Vietnam. Le Nhân Dân du 14 janvier déclarait qu’il serait notamment consacré aux religions et aux minorités ethniques (2) tandis que vietnamienne d’information affirmait que “le plenum devrait permettre le renforcement de l’unité des ethnies et des religions et mobiliser fortement toutes les couches populaires” (3). A l’issue d’une semaine de débats, à travers les résolutions (4) adoptées sur le double problème des minorités et des religions, on s’apercevait que, dans ces deux domaines, le Parti se préparait à entreprendre une reprise en main de grande envergure.

En ce qui concerne le travail au sein des ethnies minoritaires, les résolutions du 7ème plénum précisent que “les délégués ont affirmé des options fondamentales et défini des objectifs concrets jusqu’en 2010 Cette politique à long terme comprend un certain nombre d’aspects. L’élévation du niveau de vie et le refus de la misère figurent parmi les premiers objectifs visés. Mais l’accent est surtout mis sur des mesures signifiant un contrôle accru de la vie quotidienne de la population des Hauts Plateaux. Il est prévu ainsi de renforcer les activités culturelles d’information et de propagande à travers les programmes de radio et de télévision en langue locale. La présence des cadres politiques sera intensifiée aussi bien en nombre qu’en qualité. Le quadrillage militaire et policier des Hauts Plateaux sera tel, affirme le plenum, qu’il empêchera “l’apparition des ‘points chauds’ dans la région ethnique et montagnarde”.

Dans le domaine religieux, pour lequel le 7ème plenum a tracé sept orientations dans une langue tourmentée et indirecte qu’il est quelquefois difficile de comprendre, les intentions de reprise en main sont également fortement soulignées. La 3ème orientation est sans ambiguïté, puisqu’elle est ainsi définie : “Renforcer la gestion étatique sur la religion” (5). Une autre directive invite à cultiver le patriotisme des croyants et des dirigeants religieux pour qu’ils “collaborent à la lutte contre les forces hostiles profitant des problèmes de religions et de nationalités pour saboter l’union nationale et s’opposer à l’Etat Il est aussi prévu que les religions du Vietnam grâce aux relations qu’elles entretiennent avec les pays étrangers serviront de relais à la propagande de l’Etat vers l’étranger en ce qui concerne la politique religieuse.

Alors que s’achevaient les travaux du plenum, le 21 janvier, le Bureau des Affaires religieuses tenait une réunion destinée à faire le point sur la situation religieuse du pays au cours de l’année écoulée. Le bilan a été ainsi établi par le vice-directeur du Bureau, Ngô Yên Thi : “Les religions ont renforcé leurs activités commémoratives lors des grandes fêtes et organisé des activités humanitaires. Elles ont intensifié l’apprentissage des dogmes, la formation des dignitaires, la construction et la restauration des établissements de culte.” Le fonctionnaire a estimé que c’était là un bilan positif si l’on tenait compte du “contexte actuel où les forces hostiles dans le pays et à l’étranger continuent à profiter du problème religieux pour porter atteinte à l’Etat Il faut également noter la présence à cette réunion du Vice-Premier ministre Vu Khoan, qui, récemment, a rendu visite au Saint-Siège (6) et semble désormais jouer un certain rôle dans la gestion des affaires religieuses du pays.