Eglises d'Asie

Dans différentes paroisses catholiques, les rites traditionnels ancestraux ont accompagné la messe du Nouvel An lunaire

Publié le 18/03/2010




Dans une paroisse du pays, les catholiques qui se sont rendus à la messe le 1er février, jour du Nouvel An lunaire, pour honorer leurs ancêtres, ont découvert un spectacle qui leur était familier. Sur une grande table devant l’autel, les paroissiens avaient placé des fruits et des gâteaux de riz en offrande aux ancêtres. Après l’homélie, l’assistance, répartie en deux files, est venue s’agenouiller devant l’autel pour la traditionnelle vénération des ancêtres avec l’offrande de l’encens. A l’issue de l’office, une paroissienne, Constantina Hwang Eun-joo, 43 ans, a fait part de son expérience : “Cette année, je n’avais pas assez d’argent pour voyager et me rendre chez mes beaux-parents célébrer le rite des ancêtres. J’ai été surprise de pouvoir quand même m’incliner et brûler de l’encens comme lors de nos rites traditionnels. Participer à cette messe a été plus significatif et agréable pour moi que nos habituels rites domestiques en l’honneur des ancêtres.”

A travers le pays, des messes similaires ont été célébrées ce même jour. A Konjiam, dans le diocèse de Suwon, 400 paroissiens se sont rendus à l’église, certains revêtus du hanbok, le costume coréen traditionnel. Avant la messe, les fidèles avaient brûlé de l’encens et récité des prières pour les morts. A la fin de la messe, le P. Raphael Jong-yeop a solennellement prononcé le se-bae, ‘la grande salutation’, signe de bonheur, de félicité et de respect. Le prêtre et les quatre enfants de chour, debout près de l’autel, ont salué respectueusement l’assemblée qui a répondu par des applaudissements nourris.

Rita Kim Sun-ok, 64 ans, a déclaré que c’était la première fois qu’elle recevait un tel “salut” de la part d’un prêtre. “Bien que P. Seo soit jeune, j’ai beaucoup de respect pour lui”, s’est-elle exclamée. Le prêtre a expliqué qu’il avait accompli la ‘grande salutation’ “en signe de bonheur, et en particulier de respect, envers les paroissiens âgés”. Il a ajouté qu’il célébrait la messe de cette façon depuis qu’il est vicaire : “Dans les familles, tous les jeunes s’inclinent ainsi le premier jour de l’an, en hommage aux ancêtres. La messe étant aussi une sorte de rite sacrificiel, je n’ai jamais trouvé étrange de faire ‘la grande salutation’ pour mes paroissiens à la fin de la messe.” Après la messe du P. Seo, Thomas Hwang Ki-sun a rappelé que certains prêtres, cependant, interdisaient à leurs paroissiens de consommer les offrandes rituelles et de faire la ‘grande salutation’ à l’église (1).

Les fidèles de l’église de Taean, dans le diocèse de Taejon, ont également bénéficié de la “grande salutation” de leur prêtre pour cette nouvelle année lunaire. Maximus Ji Yo-ha, 55 ans, a expliqué, quelques jours plus tard, comment s’était passé pour lui ce premier jour de l’an : “Après la messe pour les ancêtres, nous avons partagé ce que nous avions apporté, trinqué et échangé nos voux de bonheur.” Tôt le matin, à la maison, les membres de la famille avaient eux aussi accompli les rites commémoratifs des ancêtres. Après la messe, tous sont allés se recueillir au cimetière. “Cette pratique fait partie de la tradition familiale depuis plus de dix ans. Nous nous sentons plus fidèles au souvenir de nos anciens après avoir assisté à cette messe.”

Selon la tradition, le premier jour du nouvel an lunaire, les Sud-Coréens qui honorent chez eux leurs ancêtres et viennent s’incliner devant les personnes âgées qu’ils connaissent, reçoivent en retour leur bénédiction et quelque menue monnaie en signe de porte-bonheur.