Eglises d'Asie

Un effort d’inculturation contribue à aider les catholiques chinois à approfondir leur vie chrétienne

Publié le 18/03/2010




A Djakarta, les catholiques d’ascendance chinoise ont marqué le premier jour de la nouvelle année lunaire, année de la chèvre, par une célébration eucharistique qui a montré combien un effort d’inculturation pouvait jouer un rôle important dans la pratique de la foi. Il est admis généralement que 35 % des 400 000 mille catholiques de l’archidiocèse de Djakarta sont d’ascendance chinoise. Encore récemment, leur inculturation se limitait “à un certain nombre d’erreurs et d’essais a déclaré le P. Agustinus Lie, qui a célébré une messe spéciale à cette occasion à la paroisse St Pierre St Paul de Djakarta. Selon lui, habituellement, pour les catholiques d’ascendance chinoise, l’inculturation liturgique consiste à prier et chanter en chinois, revêtus de la tenue chinoise traditionnelle. Une adaptation très limitée qui rend leur foi à peine plus signifiante et ne dissipe pas la fausse impression que le catholicisme est une religion étrangère à l’Asie. Pour cette messe (Nouvel An lunaire), le P. Lie a donc incorporé à la liturgie eucharistique classique plusieurs éléments culturels chinois, à la grande satisfaction des 700 participants présents.

Offert avec le pain et le vin, le keranjang, un gâteau familial traditionnel dégusté dans chaque foyer ce jour de fête, a été présenté sur l’autel. Selon le P. Lie, ce geste “a voulu exprimer le sentiment de communauté et a été pensé comme une action de grâce pour le don de la vie” ; il a signifié également l’importance que les Chinois attribuent à la famille.

Juste avant la communion, les fidèles se sont inclinés trois fois devant le Saint Sacrement, rappelant ainsi le xiang chinois classique. Dans la tradition chinoise, en effet, le triple salut est fait envers le Ciel, la Terre et tout ce qu’il y a entre les deux. Selon le P. Lie, “symboliquement, le xiang peut être interprété comme l’adoration de Dieu, le respect de la nature et des hommes”.

Enfin, à la fin de la messe, des représentants de la communauté paroissiale ont remis au P. Lie et aux deux autres concélébrants des “ang pao ces petites enveloppes rouges contenant une petite somme d’argent qui, de façon traditionnelle, expriment la sollicitude et l’attention que les personnes mariées ont pour les célibataires.

Le P. Lie a tenu à souligner que cet essai d’inculturation ne ressemblait en rien à du syncrétisme et qu’incorporer des éléments de la culture chinoise à la liturgie eucharistique devrait rendre la liturgie catholique plus vivante et plus significative pour des Chinois. Sans rappeler le souvenir des violentes émeutes anti-chinoises de mai 1998 (1), le prêtre a également exprimé sa reconnaissance envers le pays pour l’amélioration de la politique à l’égard de la communauté chinoise. Interdite pendant plus de trente ans sous le régime de Suharto, la célébration du Nouvel An par les Sino-Indonésiens a été autorisée en 1999 par le président Habibie. L’an dernier, le gouvernement de Megawati Sukarnoputri a déclaré le Nouvel An lunaire jour férié pour toute l’Indonésie (2).