Eglises d'Asie

Un imam est accusé d’être l’instigateur du massacre de militants hindous à la gare de Godhra en février 2002, massacre qui a déclenché trois mois de troubles au Gujarat

Publié le 18/03/2010




La police du Gujarat a arrêté, le vendredi 7 février, un imam de la ville de Godhra, Maulana Hussain Umarji, accusé d’avoir été l’instigateur du massacre de la gare de Godhra. Le 27 février 2002, un groupe d’individus, soupçonnés d’être musulmans, avaient mis le feu à un wagon du train Sabarmati Express transportant des militants hindouistes revenant du site de la mosquée détruite de Ayodhya. Cinquante-huit d’entre eux avaient trouvé la mort dans cet incendie. C’est ce grave incident qui avait déclenché immédiatement après des troubles qui s’étaient prolongés trois mois, faisant 1 000 ou 2 000 morts selon les estimations ainsi que 100 000 sans abri, parmi la population musulmane (1).

Aussitôt arrêté, le religieux musulman a comparu devant un tribunal qui a décidé d’une garde à vue de quatorze jours. La police affirme que l’imam avait rassemblé une douzaine de jeunes gens dans sa mosquée, quelques jours avant l’attaque du train, pour mettre au point les détails du plan de cette opération. Il aurait promis à chacun d’eux une somme de 1 500 roupies (30 euros) et leur aurait fait jurer sur le Coran d’accomplir le plan proposé. Le carburant utilisé pour incendier le compartiment aurait été retiré d’un réservoir de pompe à essence, la nuit précédant les faits et entreposé dans une chambre d’hôtel. L’attaque aurait été initialement prévue pour le 20 février ; mais cette date avait été retardée à cause du nombre impressionnant de policiers présents sur les lieux ce jour-là. Toutes ces informations auraient été données, selon la police, par un musulman Zabir Bin Yamin Behra, arrêté le mois dernier pour avoir participé au massacre de Godhra.

Cependant, l’arrestation de l’imam a suscité de vigoureuses protestations des musulmans de la région, qui ont déjà manifesté publiquement leur indignation et s’apprêtent à lancer d’autres manifestations pour obtenir la libération de leur dirigeant. Ils soulignent que le dénonciateur ayant fourni la matière de l’accusation contre le religieux musulman n’est qu’un voleur bien connu, au casier judiciaire déjà chargé de plus de vingt condamnations, prêt à n’importe quelle déclaration pour raccourcir son séjour en prison. L’imam, au contraire, est un personnage honorablement connu et respecté, membre actif d’un grand nombre d’ouvres caritatives. Des associations des droits de l’homme ont depuis longtemps accusé la police et l’administration civile du Gujarat de partialité, après avoir constaté qu’elles faisaient peu d’efforts pour réprimer les attaques contre les musulmans et, que, dans certains cas même, elles les encourageaient.

Selon The Hindustan Times du 7 février, le jour même de l’arrestation de l’imam, son épouse a écrit une lettre au président A.P.J. Abdul Kalam, lui demandant de l’aider à obtenir la libération de son mari qui, selon elle, est totalement innocent. Jamais, a-t-elle écrit, son époux n’a mené une quelconque activité susceptible de nuire à l’harmonie intercommunautaire. Bien au contraire, en dépit d’une santé précaire, il a oeuvré pour la paix et la concorde sociale dans la ville de Godhra. L’épouse du dirigeant musulman a rappelé qu’au cours des émeutes de l’année dernière, il avait été appelé par les dirigeants civils pour consultation.