Eglises d'Asie – Inde
Un prix portant le nom du missionnaire australien assassiné avec ses enfants par des fanatiques hindous en janvier 1999 est attribué à un parlementaire hindou
Publié le 18/03/2010
Le prix qui a été créé par le Conseil chrétien panindien, une association ocuménique, consiste en une citation et une médaille mais ne comporte pas de dotation financière. La citation qui accompagne cette première remise de prix déclare vouloir récompenser l’engagement du lauréat, Sunil Dutt, au service de la paix. Celui-ci, âgé aujourd’hui de 72 ans, est bien connu pour ses innombrables marches pour la paix, marches suscitées par les accès de violence intercommunautaire qui secouent l’Inde par intermittence. Une de ses premières campagnes pour la paix avait eu lieu en 1984 lorsque des foules hindoues s’en étaient pris à la population sikh, après l’assassinat du Premier ministre Indira Gandhi par deux gardes du corps de religion sikh. L’actuel lauréat du prix Graham Staines avait en 78 jours parcouru la route menant de Bombay à Amritsar, dans l’Etat du Pendjab. Il avait ensuite, en 1988, parcouru à pied la distance séparant Nagasaki de Hiroshima pour propager son message de paix. Plusieurs marches suivirent dont celle qu’il accomplit en 1999 à Bombay au moment où se multipliaient les attaques contre les missionnaires chrétiens. Plus récemment, il a parcouru plusieurs fois le Gujarat meurtri par trois mois d’émeutes au cours desquels de 1 000 à 2 000 personnes ont perdu la vie, portant assistance et consolation aux victimes (2).
En recevant le prix, Sunil Dutt s’est engagé à mettre en pratique la philosophie et les principes de Graham Staines, à savoir de vivre et de mourir pour les autres. Graham Staines, a dit le parlementaire, a été tué “à cause de son amour de l’humanité “Nous devons suivre les pas de Jésus-Christ et de Graham Staines si nous voulons trouver notre salut”, a-t-il conclu, suscitant l’ovation de toute l’assistance. Auparavant, il avait déclaré que les Indiens n’oublieraient jamais les services rendus par les chrétiens dans les domaines de l’éducation et de la santé.
En remettant le prix, la veuve du missionnaire, vêtue d’un sari indien de couleur éclatante, avait confié au public son état d’esprit actuel. Elle a déclaré avoir trouvé la paix en pardonnant : “Nous devons pardonner à ceux qui nous font du mal, que ce soit dans nos maisons ou dans les lieux où nous travaillons ; c’est ainsi que nous trouverons la paix et que nous la répandrons autour de nous.” Le lendemain, au cours d’une réception organisée pour elle à l’archevêché de New Delhi, elle a répété qu’elle avait entièrement pardonné aux assassins de son mari et de ses jeunes enfants. Elle a aussi affirmé vouloir rester en Inde le plus longtemps possible pour achever la tâche entamée par son époux au service des lépreux de l’hôpital de Mayurbhunj dans l’Orissa.