Eglises d'Asie

Unanimes, les Eglises catholiques d’Asie se prononcent contre la guerre en Irak

Publié le 18/03/2010




A l’image du pape Jean-Paul II qui, le 13 janvier dernier, déclarait devant le corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège que “la guerre n’est pas toujours inévitable” et qu'”elle est toujours une défaite pour l’humanité les Eglises d’Asie, par la voix de leurs responsables, se sont à leur tour prononcées contre la guerre que les Etats-Unis semblent vouloir préparer contre l’Irak.

Parmi les principaux pays musulmans de la région, on peut noter les initiatives des Conférences épiscopales du Pakistan et d’Indonésie. Au Pakistan, l’archevêque de Lahore, Mgr Lawrence Saldhanha, en collaboration avec le secrétaire du Conseil national des Eglises (protestantes) du Pakistan, ont écrit deux lettres, l’une au président américain Georges W. Bush, pour lui demander d’éviter d’entrer en guerre contre l’Irak, et l’autre aux chrétiens du Pakistan, pour les aider à affronter la situation de crise qui pourrait résulter d’une éventuelle guerre en Irak (1). Dans ce pays où les chrétiens sont une petite minorité de 1,5 à 2 % et où, depuis octobre 2001, quarante d’entre eux ont trouvé la mort dans des attaques menées contre des églises ou des établissements d’Eglise, des chrétiens sont descendus dans la rue pour manifester contre la politique américaine envers le pays de Saddam Hussein et affirmer haut et fort que les chrétiens n’ont rien à voir avec les plans des Etats-Unis contre l’Irak. Le 24 janvier dernier, deux cents femmes et enfants chrétiens, emmenés par des religieuses des Sours de la Charité, ont ainsi défilé devant le Club de la presse de Lahore. Le même jour, une centaine d’autres chrétiens manifestaient à Islamabad, capitale politique du pays.

En Indonésie, le 31 janvier dernier, le présidium de la Conférence des évêques catholiques a écrit à tous les évêques du pays ainsi qu’à la Conférence épiscopale irakienne. A la demande du présidium, les catholiques des 35 diocèses du pays ont été invités à prier pour la paix lors de la messe dominicale du 9 février 2003. Aux évêques irakiens, les évêques indonésiens ont tenu à partager leur souci pour la peine et les souffrances endurées par le peuple irakien ainsi que leur espoir en une paix toujours possible. Aux Moluques, qui ont connu de 1999 à 2002 de sanglants heurts intercommunautaires entre musulmans et chrétiens, les responsables religieux, musulmans, catholiques et protestants, ont lancé le 4 février dernier un appel aux “dirigeants du monde”. Forts de l’expérience traumatisante de quatre années de conflits, ces responsables ont appelé les gouvernements américain et irakien à “préférer l’amour, la paix et la justice à toutes les considérations politiques, économiques et militaires”.

En Inde, le 4 février dernier, les évêques catholiques, “sérieusement inquiets des nuages de guerre s’accumulant au-dessus de l’Asie occidentale ont demandé à la communauté internationale d’éviter une nouvelle guerre en Irak, guerre qui entraînerait “une tragédie humaine colossale”. Quelques jours auparavant, fin janvier 2003, la Conférence épiscopale regroupant les évêques catholiques de Malaisie, de Brunei et de Singapour avait affirmé, qu’“en les circonstances présentes des opérations militaires contre l’Irak ne répondraient pas aux “strictes conditions de l’enseignement de l’Eglise” justifiant le recours à la force militaire.

Aux Philippines, les évêques ont appelé leur gouvernement à ne pas soutenir des frappes préventives contre l’Irak, même dans le cas de figure où les opérations militaires contre ce pays seraient menées sous le drapeau des Nations Unies. Le 28 janvier dernier, la Conférence épiscopale a publié un appel intitulé : “Non à la guerre !”. Déclarant qu’une guerre causerait de graves dommages au peuple irakien et à ses voisins, les évêques ont également dit leur inquiétude pour les Philippins travaillant dans le Golfe persique : “Notre économie et notre peuple seraient certainement affectés.” Au début du mois de janvier 2003, Roy Cimatu, responsable de l’Equipe gouvernementale pour le Moyen-Orient, avait déclaré qu’environ un million de Philippins travaillent en Asie occidentale, dont 600 000 au Koweït. Le 30 janvier, en référence à l’actualité internationale, le cardinal Jaime Sin, archevêque de Manille, a publié une Lettre pastorale appelant à la prière. Son titre est : “Heureux les artisans de paix !”

Enfin, au Japon, le président de la Commission épiscopale ‘Justice et paix’, Mgr Matsuura Goro, d’Osaka, a demandé, le 3 février dernier, au président américain d’entendre la voix de ceux qui, de par le monde, s’opposent à une “invasion planifiée” de l’Irak. L’évêque dénonce également l’envoi par le gouvernement japonais, en décembre dernier, de bâtiments de guerre dans l’Océan Indien en vue de soutenir les préparatifs de guerre. Enfin, il a appelé le président Bush à prendre “le leadership” dans la lutte contre la pauvreté dans le monde “car l’éradication de ce problème mènera le monde à la paix”.

A Hongkong, huit groupes religieux, représentant les bouddhistes, les catholiques (par l’intermédiaire de la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse), les protestants, les musulmans et les taoïstes, ont appelé, le 7 février dernier, les Hongkongais à prier dans leurs lieux de culte respectifs pour les Irakiens les 14, 15 et 16 février 2003. Soulignant le caractère sacré de la vie humaine, les religieux ont affirmé leur conviction que des moyens non violents pouvaient encore sortir les Etats-Unis et l’Irak de l’impasse dans laquelle les deux pays sont engagés.