Eglises d'Asie

Des délégations interreligieuses se sont rendues en Australie, à Bruxelles, auprès de l’Union européenne, et au Vatican pour signifier leur opposition à la guerre en Irak

Publié le 18/03/2010




Le 5 février dernier, un mouvement national interreligieux pour le développement moral, Gerakan Moral Nasional Indonesia, a décidé d’envoyer des délégations en Australie, à Bruxelles, auprès des institutions européennes, et au Vatican, afin de signifier l’opposition des croyants indonésiens à la guerre en Irak.

Le 9 février, un groupe est parti pour l’Australie, nation étroitement alignée sur la politique américaine et qui a payé un lourd tribut au sanglant attentat qui a ravagé un lieu touristique de Bali le 12 octobre dernier. Ce groupe était dirigé par Hasyim Muzadi, président de la Nahdlatul Ulama, une des deux plus importantes organisations musulmanes de masse du pays représentant un islam modéré. Le 17 février, une deuxième délégation s’est envolée pour Bruxelles et était dirigée par Nurcholish Madjid, spécialiste indonésien de l’islam. Enfin, le lendemain, le cardinal Julius Darmaatmadja, archevêque catholique de Djakarta, a pris la tête du groupe qui a rencontré le pape le 20 février au Vatican (1). Le cardinal était accompagné de Hasyim Muzadi, de la Nahdlatul Ulama, de Ahmad Syafii Maarif, de la Muhammadiyah, du révérend Nathan Setiabudi, président de la Communion des Eglises (protestantes) d’Indonésie, de l’hindou I Nyoman Suwandha, du moine bouddhiste Bhikku Supeno Alidjurnawan, et enfin de l’islamologue Nurcholish Madjid. Le pape a longuement reçu la délégation interreligieuse et a encouragé ses visiteurs à poursuivre leurs efforts. “Avec la réelle possibilité d’une guerre se profilant à l’horizon, nous ne devons pas permettre à la politique de devenir une source de division supplémentaire entre les grandes religions de la planète a-t-il notamment déclaré.

Lors de la réunion qui a précédé leur départ de Djakarta, les délégués indonésiens ont appelé leur gou-vernement à s’opposer à toute attaque de l’Irak par les Etats-Unis et ont demandé aux responsables ira-kiens de s’attacher à bâtir la paix et le bien-être du peuple irakien. Ils ont aussi demandé au gouverne-ment indonésien de faire un effort suffisant d’information auprès des Indonésiens eux-mêmes afin que tous comprennent que la crise entre l’Irak et les Etats-Unis est une question politique et non religieuse. Cela est nécessaire, ont-ils souligné, afin que les problèmes entre ces deux pays ne rejaillissent pas sur la délicate harmonie interreligieuse qui a, jusqu’ici, été tant bien que mal préservée en Indonésie.

Dans le pays, différentes manifestations ont eu lieu pour refuser la guerre en Irak. Certaines d’entre elles ont réuni chrétiens et musulmans, d’autres non. Le 9 février, les évêques avaient lancé un appel à la prière pour la paix (2). Le même jour, à Djakarta, environ 10 000 musulmans, pour la plupart des femmes membres du Parti pour la Justice, d’obédience musulmane, ou du Parti pour le réveil de la nation, ont défilé sous des banderoles où on pouvait lire le slogan suivant : “L’attaque des Etats-Unis contre l’Irak est une attaque contre les musulmans.”