Eglises d'Asie

Des évêques catholiques demandent à ce que la lumière soit faite sur la collusion présumée entre de hauts gradés de l’armée et des membres du groupe Abu Sayyaf

Publié le 18/03/2010




Le 28 janvier dernier, 26 des quelque 80 évêques catholiques philippins ont signé une lettre rédigée par Mgr Martin Jumoad, évêque d’Isabela, diocèse situé sur l’île de Basilan, dans le sud de l’archipel philippin. Dans ce courrier adressé à la présidente Gloria Arroyo et à son ministre de la Défense, Angelo Reyes, les évêques, dont seize sont de Mindanao, demandent que toute la lumière soit enfin faite sur les circonstances qui ont permis à une poignée de membres du groupe Abu Sayyaf de s’échapper en juin 2001 de la ville de Lamitan alors qu’ils étaient cernés par les militaires (1). Selon différents témoins, les hommes d’Abu Sayyaf n’ont réussi à s’échapper que parce qu’ils ont corrompu de hauts gradés de l’armée.

Les évêques dans leur lettre demandent à la présidente de faire la part des choses entre deux rapports publiés sur le sujet, l’un en août dernier par le Sénat et l’autre en novembre dernier par la Chambre des représentants. Les sénateurs avaient conclu que des preuves existaient quant à la culpabilité de trois hauts gradés et ils recommandaient que les trois hommes soient déférés devant une cour martiale. Les représentants pour leur part avaient conclu qu’il n’existait pas de preuve directe de cette corruption et qu’on ne pouvait reprocher aux militaires visés que de “graves manquements tactiques”. Quelques jours après la publication du rapport du Sénat, un porte-parole des militaires avait déclaré qu’il n’y aurait pas de cour martiale étant donné qu’une enquête interne à l’armée avait blanchi les officiers mis en cause.

Pour les évêques, même si les conclusions des enquêtes menées par les deux chambres du pouvoir législatif divergent, il est urgent que le cas soit tranché “pour le bien du peuple de Lamitan qui souffre depuis si longtemps”. L’initiative des évêques philippins vient prendre le relais de l’action menée depuis plusieurs mois par le P. Cirilo Nacorda, curé de la paroisse de St Pierre Apôtre et témoin direct de l’action du groupe Abu Sayyaf dans la ville de Lamitan durant ce mois de juin 2001. Le P. Nacorda n’a eu de cesse de dénoncer la collusion qui existe entre des rebelles musulmans, dont des membres d’Abu Sayyaf, et une partie de l’armée à Mindanao (2).