Eglises d'Asie

La police s’oppose au transfert hors de son lieu de détention du patriarche du Bouddhisme unifié dont l’état de santé s’est aggravé

Publié le 18/03/2010




L’entourage du patriarche du Bouddhisme unifié, le vénérable Thich Huyên Quang, s’inquiète aujourd’hui pour sa santé. Le religieux âgé de 86 ans, toujours en résidence surveillée auprès de la pagode Quang Phuoc dans la province du Quang Ngai depuis 1982, souffre actuellement d’une douloureuse enflure de l’oil qui, selon les médecins du lieu, pourrait bien être cancéreuse (1). L’hôpital du Quang Ngai n’étant pas équipé pour traiter une telle maladie, ceux-ci ont recommandé que le religieux soit transporté en urgence à l’hôpital de Hô Chi Minh-Ville. Cependant, le 12 février dernier, les services de sécurité de la province du Quang Ngai ont rejeté la demande et interdit au religieux de quitter son actuelle résidence. Celui-ci souffre également d’hypertension, d’arthrite chronique et de problèmes gastriques, autant de maux provoqués par les dures conditions de son séjour de vingt-cinq ans dans une cabane adjacente à la pagode de Quang Phuoc où il est assigné.

Dans une lettre envoyée, le 17 février 2003, aux dirigeants de l’Etat vietnamien, M. Vo Van Ai, président du Comité Vietnam pour la défense des droits de l’homme, a demandé la libération immédiate du patriarche du Bouddhisme unifié et son transfert à Hô Chi Minh-Ville seul lieu où il pourrait se soigner. En 2001, la seconde personnalité du bouddhisme unifié, le vénérable Thich Quang Dô, avait déjà par deux fois envoyé une lettre au gouvernement lui demandant la libération de son confrère pour des raisons humanitaires, faute de quoi le religieux menaçait de prendre la tête d’une délégation qui se rendrait sur les lieux pour arracher le patriarche à son internement. La police s’opposa à cette tentative et, six jours avant la date prévue pour sa mise en ouvre, arrêta Thich Quang Dô et le condamna à deux ans de détention administrative qu’il purge depuis lors à l’intérieur de la cellule de son monastère de Thanh Minh, à Hô Chi Minh-Ville.

Depuis l’installation du nouveau pouvoir au Sud-Vietnam en 1975, le vénérable Thich Huyên Quang n’a cessé de se faire le porte-parole du Bouddhisme unifié pour protester contre la répression religieuse. Dès le mois de mars 1977, dans une lettre de protestation adressée à Pham Van Dông, Thich Huyên Quang, alors vice-président du Conseil exécutif de l’Eglise bouddhique unifiée, s’était élevé contre ce que la lettre appelait “une politique de répression du bouddhisme” mise en ouvre par l’Etat. Elle mentionnait quatre-vingt-cinq cas de répression exercée contre l’Eglise bouddhique unifiée vietnamienne durant les deux années précédentes. Le mois suivant, le religieux était arrêté une première fois, en compagnie du président du conseil exécutif, le vénérable Thich Quang Dô, et de quatre autres dirigeants, à la pagode An Quang, siège de l’Eglise bouddhique unifiée. Ils furent relâchés en décembre 1978.

En novembre 1981, l’Eglise bouddhique unifiée fut, sur l’initiative du gouvernement, supplantée par l’Eglise bouddhique du Vietnam qui, selon les termes mêmes de sa charte, était seule habilitée à représenter le bouddhisme vietnamien. Thich Huyên Quang protesta aussitôt contre cette création. Au mois de février 1982, il fut arrêté et “une mesure administrative” prise par la municipalité de Hô Chi Minh-Ville lui signifia son exil. Thich Huyên Quang était relégué dans la province du Quang Ngai au Centre-Vietnam, et Thich Quang Dô, conduit au Nord-Vietnam dans la province de Quang Binh. Le 3 mai 1992, malgré le refus du gouvernement de lui accorder le droit de quitter le lieu de son exil, il vint assister à Huê aux obsèques de son confrère Thich Dôn Hâu, à qui il devait succéder. De retour dans sa résidence surveillée dont il devait changer en décembre 1994 (2), il n’a cessé de diffuser dans le monde entier ses protestations contre la répression exercée contre son Eglise (3).