Eglises d'Asie

Le christianisme évangélique progresse chez les H’mongs du Nord-Vietnam alors que la répression religieuse ne faiblit pas

Publié le 18/03/2010




Dans les années 1980, sous diverses influences, en particulier, grâce à des émissions radiophoniques diffusées en langue locale depuis les Philippines, un mouvement de conversion au christianisme aussi bien catholique qu’évangélique s’est développé d’une manière quasi spontanée dans les populations minoritaires h’mongs des provinces montagneuses du Nord-Ouest, à savoir Son La, Lai Châu, Lao Cai et Yên Bai (1). Depuis, il n’a cessé de progresser. Un récent rapport sur la situation du protestantisme au Vietnam (2) consacre quelques pages aux chrétiens h’mongs de confession évangélique, estime leur nombre actuel à 250 000 et ajoute que, depuis sa naissance, le mouvement n’a cessé de se heurter à la répression que lui opposent les autorités vietnamiennes désireuses de freiner ou même de museler entièrement ce développement.

Au milieu des années 1990, le parti mettait au point une nouvelle tactique pour mettre un terme à l’extension du christianisme chez les H’mongs. La religion animiste traditionnelle, jusqu’ici considérée comme une superstition primaire, était maintenant exaltée comme bonne et saine. Une campagne de retour aux anciennes croyances était menée auprès des chrétiens h’mongs. Des cérémonies et des séminaires étaient organisés au cours desquels les H’mongs étaient contraints de signer des documents d’abjuration et de boire une boisson composée de sang frais d’animal et de vin de riz selon l’ancienne tradition. Quelques années plus tard, ces méthodes furent appliquées aux Montagnards des Hauts Plateaux du Centre-Vietnam. Cette incitation à revenir aux coutumes ethniques séculaires était accompagnée d’une campagne de dénigrement du christianisme. S’appuyant sur une fausse interprétation du terme qui signifie Dieu, la propagande anti-religieuse du gouvernement reprochait au christianisme h’mong de poursuivre un objectif politique, à savoir la création d’un royaume h’mong. La propagande gouvernementale caricaturait les croyances et les pratiques chrétiennes, affirmant par exemple que les chrétiens étaient paresseux et enseignaient qu’il ne fallait pas accomplir ses devoirs civiques.

Cependant, grâce au christianisme, beaucoup de H’mongs ont été initiés à la lecture et de la Bible et d’autres livres de doctrines chrétiennes, et ont été alphabétisés. Ils commencèrent alors à écrire des requêtes aux plus hautes autorités dénonçant le traitement odieux que leur infligeaient les autorités locales. Nombre de ces plaintes parvinrent en Occident (3). La plupart de ces plaintes n’ont pas reçu de réponse. Quelquefois, elles ont valu à leurs auteurs un traitement pire que celui dont ils se plaignaient. Ce fut le cas de la famille de Mua Bua Senh, cité par l’organisation de défense des droits de l’homme Freedom House en novembre 2002 (4). Entre mai 2001 et juin 2002, celle-ci a écrit sept lettres aux autorités pour dénoncer les mauvais traitements infligés à un parent parce qu’il refusait d’abjurer sa religion. Celui-ci est décédé le 7 août 2002 des suites des blessures subies, après avoir été transporté de clinique en clinique et d’un hôpital à l’autre.

La répression religieuse chez les chrétiens h’mongs est telle que, depuis 1997, elle pousse ceux-ci à s’exiler. Quelque 15 000 H’mongs ont quitté leurs terres ancestrales du Nord-Ouest pour aller chercher refuge à quelque 1 300 km. sur les Hauts Plateaux du Centre-Vietnam. Certains ont abandonné toutes leurs propriétés. D’autres ont pu les vendre mais à bas prix. Mais, là aussi, les tracasseries n’ont pas manqué.