Eglises d'Asie

L’Institut de théologie de l’Eglise évangélique à Nha Trang ouvre à nouveau ses portes tout en étant soumis à un certain nombre de restrictions

Publié le 18/03/2010




vietnamienne d’information (AVI) (1) a fait état d’une décision du Bureau des Affaires religieuses du 3 janvier autorisant la création dans la ville côtière de Nha Trang d’un Institut de théologie dans lequel seront formés de futurs pasteurs pour le service de l’Eglise évangélique du Sud-Vietnam. En réalité, l’institut avait été créé depuis bien longtemps déjà avant d’être fermé et confisqué en 1975, lors de l’arrivée du nouveau pouvoir communiste au Sud-Vietnam. Dans sa décision de janvier, le pouvoir s’est contenté d’accéder aux demandes répétées des responsables de l’Eglise évangélique demandant la réouverture de cet établissement. A l’issue de l’assemblée générale de février 2001 (2) qui avait élu le premier bureau exécutif de l’Eglise, destiné à recevoir l’aval du gouvernement, des voeux avaient été émis parmi lesquels figuraient en priorité la réouverture de la maison de formation de Nha Trang (3). Ces demandes s’étaient faites plus pressantes depuis la reconnaissance officielle par le gouvernement de l’Eglise évangélique, reconnaissance qui date du mois d’avril 2001.

Selon l’agence Compass Direct (4) qui rapporte et commente cette décision, bien que certains responsables protestants du Vietnam, voient dans cette initiative un signe d’espérance, la plupart d’entre eux la considèrent comme une toute petite étape sur le chemin qui mène à la liberté religieuse. En effet, l’autorisation d’ouvrir à nouveau l’établissement est accompagnée d’un certain nombre de restrictions. En premier lieu, l’Eglise évangélique n’a pas eu la permission de récupérer les anciens locaux qui avaient été construits dans la ville touristique de Nha Trang, au lieu-dit Hon Chong, sur le bord de la mer. Les cours qui, en principe, ont commencé le 14 février seront dispensés dans des bâtiments provisoires en attendant que soit élevé un nouveau séminaire évangélique. Par ailleurs, seuls cinquante étudiants seront admis à suivre le premier cours de théologie, des étudiants qui devront au préalable avoir reçu l’approbation du gouvernement. Avant 1975, l’institut évangélique de Nha Trang accueillait en permanence plus de cent étudiants, auxquels il fallait ajouter les quelques dizaines d’étudiants de l’école de théologie de Saigon et les centaines d’étudiants issus des minorités se formant dans les établissements de Buôn Ma Thuôt et de Dalat.

Il faut souligner en outre que les besoins pastoraux de l’Eglise évangélique ont presque décuplé depuis 1975. En effet, selon les statistiques internes de l’Eglise, alors que les effectifs du protestantisme au Sud-Vietnam s’élevaient à 120 000 fidèles en 1975, ils se situent aujourd’hui autour de 1 200 000 (5). Il est vrai que les statistiques du gouvernement vietnamien sont beaucoup moins élevées. Selon les résultats du recensement d’avril 1999, publiés seulement en août 2001 (6), les fidèles protestants ne seraient qu’au nombre de 410 134. Quoi qu’il en soit, les besoins pastoraux se sont multipliés et sans maison de formation depuis plus de vingt-sept ans, le protestantisme vietnamien manque aujourd’hui cruellement de personnel pour assurer le ministère pastoral de l’Eglise, un grand nombre des pasteurs formés avant 1975 à cet effet sont aujourd’hui décédés ou vieillissant. Il est à craindre que les limites mises à la formation des pasteurs dans le nouvel établissement ne permettent pas le renouvellement des effectifs.

Un autre centre de formation avait été autorisé pour l’Eglise évangélique du Nord-Vietnam, qui du point de vue du gouvernement forme une Eglise séparée. Au cours des années 1990, il lui avait été permis d’ouvrir une classe de formation pour quinze étudiants seulement. Il semble que, leurs études terminées, aucun d’entre eux n’ait pu être affecté à une communauté, faute d’autorisation des autorités civiles (7).