Eglises d'Asie

Mindanao : des responsables catholiques appellent à la cessation des combats entre l’armée et le Front moro islamique de libération (MILF)

Publié le 18/03/2010




A Mindanao, où depuis le 12 février dernier se déroulent de violents combats entre les forces armées et les troupes du Front moro islamique de libération (MILF), le P. Roberto Layson, coordinateur des actions de l’archidiocèse de Cotabato pour le dialogue islamo-chrétien, a appelé à la cessation des affrontements et à la “compassion” pour les 125 000 personnes chassées de chez elles par les opérations militaires. Via les médias, le P. Layson a notamment appelé les parties en présence “à montrer qu’elles se soucient vraiment des personnes à qui elles imposent la guerre”. Il a ajouté que Manille et les responsables du MILF, un des principaux mouvements rebelles musulmans du sud de l’archipel philippin, “devaient résoudre leurs problèmes à la table des négociations et non sur les champs de bataille” en se rappelant qu’un accord de cessez-le-feu a été signé par eux en 2001. Depuis le début des combats le mois dernier, on compte, selon les sources, de 200 à 250 morts.

Les principaux combats ont éclaté dans la région de Pikit où se situe un camp du MILF. L’assaut mené par plusieurs milliers de soldats philippins a mis dans un premier temps en fuite les combattants musulmans et provoqué près de deux cents morts, principalement dans les rangs du mouvement rebelle. Par la suite, différentes autres opérations militaires ainsi que des attentats à la bombe ont fait une cinquantaine de nouvelles victimes.

Les motifs de l’assaut ordonné par la présidente Arroyo ne sont pas clairs. A Manille, le 17 février, le chef d’état-major de l’armée a déclaré que le gouvernement ne pouvait laisser le MILF masser des troupes comme il le faisait dans son camp de Pikit, contrevenant ainsi à un point de l’accord de cessez-le-feu signé en 2001. Quelques jours auparavant, la présidente avait appelé à “frapper la tanière des criminels les plus incorrigibles qui prennent en otage des communautés entières”. Le nom du groupuscule Pentagone avait été cité, l’armée accusant le MILF d’offrir l’hospitalité à des éléments de ce groupe dont bon nombre sont d’anciens combattants du MILF. Le MILF a réagi à cette nouvelle campagne militaire en déclarant que les opérations engagées étaient conçues par le gouvernement comme un moyen de pression sur le mouvement pour l’amener à signer un accord de paix. Enfin, selon certaines ONG locales, l’assaut du camp de Pikit était planifié de longue date car les autorités veulent reprendre le contrôle de la zone, une zone marécageuse qui serait riche en pétrole.

Créé en 1977, le MILF n’a pas signé les accords de paix passés en 1996 entre Manille et le Front moro de libération nationale (MNLF) (1). Après la nomination de Gloria Arroyo à la présidence de la République en janvier 2001, le dialogue avait repris entre Manille et le MILF. Quelques mois plus tard, les dirigeants du mouvement musulman ayant accepté le principe d’une région autonome musulmane et ayant de ce fait renoncé à leur revendication pour l’indépendance, l’accord de cessez-le-feu prévoyait que les négociations devaient reprendre cette année, en 2003 (2). Les combats de ces dernières semaines augurent mal d’une reprise des pourparlers.

Ce regain de violence est intervenu alors que les Etats-Unis ont annoncé le 18 février qu’ils déploieraient des soldats américains cet été dans l’archipel de Sulu où l’armée philippine traque depuis de longs mois les membres du groupe Abu Sayyaf. D’après le Washington Post du 21 février, l’envoi de ces hommes pourrait être avancé et serait imminent.