Eglises d'Asie

Papouasie occidentale : divers incidents et rapports confirment la présence d’anciens éléments des Laskar Jihad dans la province

Publié le 18/03/2010




Dans la vaste province de la Papaouasie occidentale, où existe un relativement important et constant mouvement pro-indépendantiste au sein de la population papoue, en majorité chrétienne, et où le pou-voir indonésien, l’armée en particulier, malgré l’autonomie élargie accordée sous la présidence d’A. Wahid, n’hésite pas à recourir à la force pour faire régner l’ordre, divers incidents et rapports récents confirment la présence et l’activité dans la province d’anciens éléments des Laskar Jihad.

La présence des Laskar Jihad dans la région n’est pas nouvelle. En avril 2002, des hommes de cette milice extrémiste musulmane, aujourd’hui dissoute après s’être illustrée aux Moluques et dans la région de Poso, à Célèbes, dans les combats qui ont opposé chrétiens et musulmans, avaient été signalés dans la partie la plus occidentale de la province, à Fak Fak et à Sorong notamment, deux localités situées face à l’île moluquoise de Céram (Seram) (1). Mais, selon le responsable du Conseil du praesidium papou, organisation pro-indépendantiste, les Laskar Jihad n’ont pas disparu après leur autodissolution en octobre dernier (2). “Les Laskar Jihad se manifestent désormais sous plusieurs formes, a affirmé Thom Beanal. Ils peuvent être des miliciens ou des para-militaires soutenant l’armée, accompagnés par des Papous recrutés localement par les TNI (les forces armées indonésiennes). Les Laskar Jihad ont consolidé leur présence ici. Le fait qu’ils se soient auto-dissous aux Moluques ou à Java ne veut pas dire qu’ils ont arrêté leurs activités en Papouasie.”

Selon des sources locales, après avoir pris pied à Sorong, les Laskar Jihad auraient établi pas moins de douze bases à travers la province, dans des lieux isolés et difficiles d’accès. Les forces spéciales des TNI, les Kopassus, assureraient leur protection, n’hésitent pas à affirmer des responsables du Conseil du praesidium papou. Ils auraient installé des camps jusqu’à la frontière entre la province et la Papouasie-Nouvelle-Guinée voisine. Selon Lawrence Mehui, qui a mené une enquête pour le compte du Conseil, “l’armée indonésienne leur fournit des armes et ils sont entraînés par les Kopassus ». Dans la région d’Arso, ville proche de la frontière, dans les zones où sont installés des transmigrants, les Laskar Jihad originaires de Java ont recruté aussi bien des transmigrants que des Papous. Selon l’organisation de défense des droits de l’homme en Papouasie, ELSHAM, ces recrues locales et les Laskar Jihad servent les intérêts des Kopassus et obéissent à leurs ordres. Selon Lawrence Mehui, l’analyse des rapports faits par la population et la police ne laisse aucun doute quant à l’implication des Kopassus. “La rhétorique des Laskar Jihad recoupe en bonne partie celle des militaires indonésiens en Papouasie. Un de leurs objectifs est de défendre l’unité de l’Indonésie et d’empêcher la sécession de la Papouasie (3Ils utilisent l’islam pour affirmer qu’ils luttent contre les ‘(les infidèles) ici, en Papouasie”, affirme encore le chercheur.

Selon ELSHAM, ces derniers mois, l’activité des Laskar Jihad, liée à celles des milices et des différents groupes opérant près de la frontière, y compris les rebelles du Mouvement pour la Papouasie libre (OPM), est à l’origine d’une vingtaine d’assassinats non élucidés.