Eglises d'Asie

Pour remédier au manque d’espace, une paroisse aménage un columbarium dans les sous-sols de son église

Publié le 18/03/2010




Ce sera la première fois qu’un columbarium occupera les sous-sols d’une église catholique coréenne : le curé de la paroisse, initiateur de ce projet, justifie l’entreprise en affirmant voir ainsi « unis dans un même lieu sacré, les vivants et les morts ». Le P. Joseph Kim Tae-soo, responsable de la paroisse de Singok 2-dong de l’archidiocèse de Séoul, a expliqué avoir conçu ce projet pour « tenter de faire évoluer les coutumes funéraires traditionnelles des Coréens ». A l’initiative du P. Kim, un columbarium de deux étages est donc en construction dans les sous-sols de la toute nouvelle église. Commencés en juin 2001, les travaux devraient être terminés en mai prochain (1).

Le P. Kim explique que, selon la coutume coréenne, les défunts doivent être inhumés dans les montagnes ou en un lieu éloigné des vivants. Avec l’augmentation de la population, le nombre des sites d’inhumations possibles est de plus en plus restreint et « provoque de sérieux problèmes de répartition des terres ». Pourtant, note le prêtre, « la tradition catholique admet que le défunt peut être inhumé près d’une église, près des vivants », car, insiste-t-il, « l’Eglise est faite pour les vivants et pour les morts ». D’après les statistiques du ministère de la Santé et de l’Action sociale, les cimetières occupent 1 % des 99 600 km de la superficie totale du pays. Le ministère indique aussi que, sur les 242 730 défunts de l’année 2001, 93 493, soit 38,5 %, ont été incinérés.

Pour le P. John Baptist Her Yoon-seok, spécialiste des affaires sociales de l’archidiocèse de Séoul, bâtir un columbarium dans les sous-sols d’une église renoue avec la tradition de « l’Eglise primitive où les morts et les vivants partageaient le même espace sacré », comme dans les catacombes. Il a rappelé aussi que « les hommes doivent passer par la mort pour entrer dans la résurrection ». Déclarant que le diocèse soutient ce projet, il a ajouté que ce columbarium « permettra une ouverture de l’Eglise sur le monde puisque nous y accueillerons les non-catholiques des environs qui souhaiteront éventuellement voir leurs cendres reposer dans ce lieu. Ce projet est donc en accord avec la tradition catholique et représente une alternative aux pratiques traditionnelles visant à tenir les défunts à distance ».

Le columbarium, d’une superficie de 580 m , pourra recevoir les cendres de 4 724 personnes. Déjà, 206 demandes ont été enregistrées. La paroisse demandera 3,5 millions de wons (3 000 euros) pour chaque urne funéraire déposée. La construction de l’église, édifiée dans une zone résidentielle, a coûté 4 milliards de wons dont 2,5 milliards de wons pour le seul columbarium. Les responsables de la paroisse se réjouissent de ne pas avoir reçu de plaintes de riverains relatives au columbarium, « car, pour les Coréens, un tel lieu est toujours objet de malaise ».

Fondée en 1997, la paroisse de Singok 2-dong compte 1 900 catholiques. Jusqu’à l’édification de l’église, les fidèles se réunissaient pour célébrer la messe au 3ème étage d’un immeuble locatif.