Eglises d'Asie

Pour travailler en Chine continentale, les missionnaires sud-coréens doivent s’insérer dans une pastorale d’ensemble et posséder une certaine compétence, affirme l’un d’eux

Publié le 18/03/2010




Au cours d’un forum sur “La mission en Chine” qui s’est tenu à Séoul le 16 décembre dernier, un religieux clarétien, Frère Paolo Chu Nak-kil, qui connaît bien la Chine pour s’y être rendu de nombreuses fois depuis 1994, a expliqué que les missionnaires sud-coréens devaient travailler dans le cadre d’une pastorale bien définie et obtenir l’accord des évêques de deux pays, ceux de Corée dont ils sont originaires et ceux de Chine où ils projettent de partir en mission, avant de s’élancer en Chine populaire. Selon Frère Chu, trop souvent, ces dernières années, “des religieuses et des prêtres coréens sont partis en Chine sans en référer à l’évêque du lieu et sans bien connaître la situation du pays”. Actuellement, il y a en Chine sept religieuses, sept frères et deux prêtres coréens qui, soit étudient dans des universités, soit travaillent en usine, a précisé le religieux (1).

Devant les quarante laïcs et religieux présents à ce forum organisé au Centre de la mission clarétienne à Séoul, le religieux a brossé un rapide tableau de la situation de l’Eglise catholique en Chine. Il a rappelé qu’il y avait dans ce pays une seule et unique Eglise divisée en deux communautés. A côté de la communauté dite “clandestine”, existe une communauté “officielle”, affiliée à l’Association patriotique des catholiques chinois. Il a souligné l’importance pour un bon travail missionnaire de connaître les deux communautés et fait remarquer qu’un “travail missionnaire sans une bonne connaissance de la situation” a parfois conduit à « un héroïsme ou des rivalités stériles ». Le Frère, appréhendé cinq fois par la Sécurité chinoise, a expliqué que l’aide apportée à la partie “clandestine” de l’Eglise devait l’être avec beaucoup de discernement et de prudence, “les conséquences pouvant être graves tant pour le donneur que pour le récipiendaire”.

Le Frère Chu a ajouté qu’en Chine, l’Eglise de Corée devrait concentrer son action missionnaire aux régions les plus ouvertes à l’évangélisation, particulièrement les provinces du Heilongjiang, de Jilin et du Liaoning, au nord-est du pays. Dans cette partie du pays, “vivent de nombreux Chinois d’origine coréenne qui parlent coréen et les gouvernements locaux tout comme les diocèses de cette région n’hé-sitent pas à faire appel à des Coréens venus de l’extérieur”. Les missionnaires coréens, a-t-il con-tinué, ont participé à la construction de quatre églises dans la province de Heilongjiang depuis 1995 et le nombre des catholiques y a progressé rapidement. Mais, a-t-il insisté, les missionnaires ne devraient rien entreprendre “sans une demande officielle d’une instance gouvernementale ou diocésaine”.

Le P. Antonio Wang, prêtre chinois étudiant en théologie en Corée depuis 1999, s’est adressé au forum pour dire combien l’Eglise chinoise manquait de prêtres. “Dans le sud du pays et dans les villes, il n’y a presque plus de vocations a-t-il indiqué, blâmant au passage la politique de l’enfant unique du gouvernement chinois. Néanmoins, a-t-il fait observer, il y a encore un certain nombre de vocations dans les provinces du nord. Il a également fait remarquer que, si l’article 36 de la Constitution chinoise garantissait bien la liberté religieuse, celle-ci restait “limitée”. C’est pour cette raison que le gouvernement chinois n’autorise pas les missionnaires étrangers à entrer en Chine, ce fait ayant peu de chance de changer même au cas où les relations entre le Vatican et Pékin se normalisent. Même si cela reste difficile à accepter, a déclaré le P. Wang, “nous devons comprendre la position de la Chine qui a souffert de l’impérialisme occidental mis au service de la religion”.

Le P. Wang a également évoqué le cas du P. Stephen Shin Dong-min, un franciscain sud-coréen qui a ouvert un Centre sino-coréen de traitement de la lèpre dans la province centrale du Shaanxi en mai 2000. Ce centre abrite aujourd’hui quatre-vingt-seize patients atteints de la maladie de Hansen, soignés par un personnel chinois et coréens. Le P. Shin, qui a commencé à travailler en 1996 dans l’est de la Chine, est le seul étranger autorisé par le gouvernement chinois à travailler dans cette région auprès des lépreux.