Eglises d'Asie

Face au refus de la présidente Megawati d’accorder la grâce présidentielle à des condamnés à mort, les défenseurs des droits de l’homme s’insurgent

Publié le 18/03/2010




Le 3 février dernier, la présidente Megawati Sukarnoputri a refusé d’accorder la grâce présidentielle à cinq condamnés à mort pour meurtre et trafic de drogue, provoquant de vives réactions de la part des défenseurs des droits de l’homme. Le P. Piet Go Twan An, professeur de théologie morale au grand séminaire du diocèse catholique de Malang et directeur du Service de documentation et d’information de la Conférence des évêques d’Indonésie, a tenu à préciser la position de l’Eglise sur la question de la peine de mort. « Dieu est le seul maître de la vie de son commencement à son terme a-t-il rappelé. Aussi, même dans le cadre de la légitime défense, l’Eglise et les théologiens ont toujours enseigné que la mort de l’agresseur ne pouvait être considérée que comme l’ultime et exceptionnel recours. Dans cette perspective, le P. Go a souligné qu’une exécution capitale peut être considérée comme le dernier recours d’une société en mal de légitime défense mais, a-t-il ajouté, la peine de mort n’a aucun effet dissuasif « dans le contexte indonésien actuel où le crime organisé et la corruption dominent l’appareil judiciaire. Au contraire, ce sont les innocents qui se retrouvent punis ».

Plusieurs autres défenseurs chrétiens des droits de l’homme ont exprimé leur opposition à la décision de la présidente. B. N. Marbun, un catholique, ancien membre de la Commission nationale pour la défense des droits de l’homme, a déclaré souhaiter que les responsables de l’Eglise catholique demandent au gouvernement de différer les exécutions. Pour Gustaf Dupe, un protestant, président du Comité pour la libération des prisonniers politiques, l’emprisonnement à vie doit être utilisé comme une peine de substitution à la peine de mort car elle est l’occasion pour les criminels « de se repentir de leurs fautes ». Selon Hendardi, directeur de l’Association indonésienne pour l’aide judiciaire et la défense des droits de l’homme, le refus présidentiel de clémence a des motivations politiques. Le gouvernement, a-t-il expliqué, « veut affirmer la force de la loi mais les exécutions ne dissuaderont pas les auteurs de crimes de corruption ». De plus, a-t-il ajouté, il n’est pas juste d’exécuter des détenus qui ont déjà passé une douzaine d’années derrière les barreaux.

Les appels à la clémence rejetés par la présidente indonésienne concernent un Indien, trafiquant de drogue, et quatre Indonésiens, membres d’une même famille condamnés à mort en 1988 pour le meurtre d’une famille de cinq personnes pour des questions d’argent. Ces vingt dernières années, l’Indonésie a exécuté six condamnés pour meurtre et trafic de drogue, le dernier en 2001. La peine de mort est donnée par un peloton d’exécution.