Eglises d'Asie – Inde
Goa : même patronnées par le gouvernement BJP, les festivités du carnaval ont perdu de leur éclat et ont été largement commercialisées
Publié le 18/03/2010
Aujourd’hui encore, les anciens de Goa se souviennent de la joie régnant au cours des festivités dans les années 1950. Une vielle dame rappelle : “Nous passions nos nuits à nous promener et à danser dans les rues en costumes de satin tandis que les hommes masqués aspergeaient les dames de parfum. Des batailles simulées avaient lieu durant lesquelles des groupes rivaux se jetaient de la poudre de talc.” Une autre personne âgée évoque la participation spontanée de toute la population. Elle dit : “Des hommes en habits fantaisistes amusaient la foule au coin des rues avec des tours et des jeux appartenant à la culture Konkani.” Un vieux Goanais ajoute : “Ce qui se passe dans le carnaval d’aujourd’hui a peu de chose à voir avec la joyeuse animation de jadis.”
Dès que Goa a été libérée de la domination portugaise, le carnaval a perdu beaucoup de son pittoresque et de sa gaîté. En dépit des efforts déployés dans les années 1970 pour en refaire vivre l’esprit, avec des parades en habits de couleur, à l’imitation du Brésil, jamais la fête n’a retrouvé sa somptuosité d’antan. La fête est aujourd’hui devenue une curiosité, patronnée par l’Etat, surtout destinée à attirer les touristes, plus particulièrement les étrangers. Cette année, les télévisions allemande et russe y étaient présentes. La population locale y participe peu, à part les curieux et les occupants des chars de parade transportés par des camions et décorés sous divers thèmes. La commercialisation y est de plus en plus visible. Cette année, quinze chars étaient sponsorisés par diverses marques célèbres, dont beaucoup de marques de spiritueux. Les chars sont de plus en plus nombreux, chaque année. Le premier jour des fêtes, à Panaji, capitale de Goa, ils formaient un cortège de 79 chars appartenant à ces catégories différentes, comique, traditionnelle, familiale, etc.
Lors de la parade de cette année, nombreux étaient les chars ayant pour ambition de délivrer un message social. Ainsi, sur le char décoré par l’Association des visionnaires, une ONG locale, était déployée une pancarte portant la phrase : “La joie du carnaval est contagieuse mais ce n’est pas le sida.” D’autres groupes avaient composé le décor de leur char sur le thème de la guerre en Irak et donnaient à lire des pancartes du type : “Envoyez leur de la nourriture, pas des missiles !” D’autres associations de l’aide à l’Enfance avaient monté des chars dans l’intention de fustiger la pédophilie et la violation des droits de l’enfant, pratiques existantes chez les touristes fréquentant l’ancienne colonie portugaise.