Eglises d'Asie

Selon un prédicateur catholique de Hô Chi Minh-Ville, en dénonçant le régime injuste et aliénant, Mgr Pham Minh Mân a fait preuve d’une grande audace

Publié le 18/03/2010




Malgré le silence encore absolu des médias officiels, la lettre envoyée en décembre par Mgr Pham Minh Mân aux responsables du Comité d’union du catholicisme réunis en congrès à Hanoi est maintenant bien connue des divers milieux de la métropole du Sud, en particulier des milieux catholiques (1). Les expressions employées par l’évêque dans sa critique de la société vietnamienne, comme par exemple “un régime injuste et aliénant sont désormais entendues ici et là. Ce fut le cas le 23 février dernier au cours de la messe du dimanche matin, célébrée dans une église du quartier de Dakao, selon une dépêche de l’agence de langue vietnamienne Vietcatholic News (2) qui rapporte la nouvelle. Le prédicateur chargé de commenter l’évangile du jour racontant la guérison du paralytique transporté jusqu’à Jésus en passant par le toit de la maison a fait allusion à la lettre de l’archevêque disant d’elle qu’elle participait de la même audace que celle qui avait poussé les compagnons du paralysé à se frayer une ouverture dans le toit de la maison.

Le prédicateur a ensuite lu deux extraits assez longs de la lettre dans lesquels il est question d’un “régime injuste et aliénant pour l’homme qui transforme l’Etat en appareil totalitaire. Il a ensuite souhaité que cette lettre ait des échos durables puisque, a-t-il ajouté, l’archevêque avait reconnu que sa lettre était l’écho de la lettre envoyée par la Conférence épiscopale du Vietnam à l’Assemblée nationale et aux Conseils populaires à l’issue de sa réunion annuelle de 2002. Lors de la messe du soir dans la même église, le prêtre dans la conclusion de la prière universelle a fait prier “pour notre pays paralysé par la dictature et la concussion”.

Les évêques du Vietnam réunis à Hanoi du 7 au 12 octobre 2002 avaient rédigé deux lettres. L’une décrivait la persécution des catholiques montagnards sur les Hauts Plateaux du centre et dans la région de Son La, au Nord-Vietnam. L’autre présentait une description critique des tares de la société vietnamienne d’aujourd’hui. Les deux lettres avaient été remises par le président de la Conférence, Mgr Paul Nguyên Van Hoa, à un important personnage de la Chambre des députés vietnamienne (3).