Eglises d'Asie

Son La : l’édification du complexe hydro-électrique va provoquer le déplacement d’une importante population appartenant aux minorités ethniques

Publié le 18/03/2010




Le lundi 10 mars 2003, les huit premières familles, au total cinquante-deux personnes, ont quitté leurs habitations du district de Muong La, dans la province de Son La, sur le site où vont commencer les travaux de construction d’un immense barrage hydro-électrique. Entassées dans des camions, ces familles qui appartiennent à l’ethnie minoritaire des Thais blancs ont été transportées à environ 200 km. à l’ouest, dans le district de Môc Châu où elles devront résider désormais. Selon les déclarations officielles, ce sont 91 000 personnes qui seront ainsi déplacées pour laisser la place au barrage et à la retenue d’eau. Le fonctionnaire officiel chargé d’assurer le bon ordre de cette migration a déclaré que cette première étape était éprouvante car, pour le moment, les responsables n’avaient pas encore reçu les derniers détails du budget consacré à l’opération. Il a ajouté que d’ici à la fin du mois d’août, quatre cent familles recevront l’ordre de quitter les lieux.

Au cours de sa session du mois de décembre 2002, l’Assemblée nationale de Hanoi a adopté le projet de barrage hydro-électrique de Son La qui devrait entraîner une dépense de 2,46 milliards de dollars. C’était le plus petit de trois autres projets proposés au choix de l’Assemblée. Il a provoqué cependant une forte opposition parmi les députés qui ont fait porter leurs critiques aussi bien sur les risques que le barrage allait faire peser sur la sécurité de la population de la région que sur les énormes déplacements humains qu’il allait provoquer. Voilà déjà quelque temps, que des scientifiques ont rendu publiques leurs craintes concernant l’emplacement du futur barrage. La ré-gion est sujette à de légers tremblements de terre de manière permanente. Si pour une raison ou une autre, le bar-rage se rompait, une heure plus tard, la capitale Hanoi, qui n’est éloignée du site que par une distance de 300 km., serait submergée par les eaux. Un certain nombre d’autres observateurs pensent que le coût humain de cette opération sera beaucoup trop élevé. Le déplacement de populations va toucher surtout diverses minorités ethniques habitant depuis un temps immémorial neuf districts montagneux des deux provinces de Son La et de Lai Châu, deux provinces qui, du point de vue ecclésiastique, sont situées dans le diocèse de Hung Hoa (1). Les populations déplacées vont être obligées de changer totalement de vie aussi bien dans le domaine économique que culturel.

Le projet de barrage adopté qui mesure 215 mètres de haut, nécessitera le déplacement de 79 à 91 000 personnes à savoir 16 000 à 18 000 familles. Les fonctionnaires responsables estiment que 80 % des familles obligées à la mi-gration appartiennent aux ethnies minoritaires. Selon le plan prévu, ce déplacement de population aura lieu surtout au cours d’une période allant de 2005 à 2010. Les indemnités qui seront versées à chacune des familles obligées de changer de résidence doivent, selon les prévisions, s’élever à 500 millions de dôngs, à savoir environ 32 000 euros. Cette somme sera destinée à couvrir les frais de construction d’une nouvelle maison, la mise en place des infrastructures routières, l’indemnisation pour les terrains confisqués pour construire le barrage. Cependant, certains émettent des craintes liées à la concussion ambiante et se demandent ce qui restera de cet argent lorsqu’il arrivera effectivement dans les mains de leurs bénéficiaires authentiques. Une enquête officielle réalisée l’an dernier par des services d’Etat montre que les sommes destinées par le pouvoir central à des travaux effectués en province se sont trouvées amputées de 50 % lorsqu’elles sont parvenues à leurs véritables destinataires.

Les travaux préalables à la construction du barrage ont déjà commencé. Le début du gros ouvrage pourrait avoir lieu en 2005. Si l’on respecte les prévisions actuelles, la première électricité sera produite par le complexe hydro-électrique en 2012. Celui sera à son plein rendement en 2015. Il produira chaque année de 7,55 à 9,2 milliards de kilowatts.