Eglises d'Asie – Inde
Uttar Pradesh : la Haute Cour de justice de l’Etat ordonne des fouilles pour déterminer la présence éventuelle d’un temple hindou sous la mosquée détruite d’Ayodhya
Publié le 18/03/2010
Le P. Babu Joseph, porte-parole de la Conférence épiscopale catholique de l’Inde, s’est déclaré préoccupé et a déclaré que “ces fouilles vont forcément avoir des répercussions sur le climat social de l’Inde”. Selon lui, le jugement de la Haute Cour ne peut qu’aggraver les tensions sociales dans le pays. “On ne peut édifier une société cohérente à partir de fouilles effectuées dans son passé… Le cours de l’histoire ne peut être renversé a-t-il fait remarquer. Il a souligné encore que, selon les réclamations exprimées par le Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou, VHP), près de 30 000 lieux de culte musulmans ou chrétiens seraient bâtis sur le site d’anciens temples hindous. Il a souhaité que le regard de tous se tourne vers l’avenir, vers le progrès de l’humanité.
A la suite de la décision du tribunal, des dirigeants musulmans ainsi que certains éditoriaux de la gran-de presse ont appelé à la prudence et demandé à chacun de redoubler de vigilance. Syed Shahbuddin, ancien parlementaire et membre d’une grande association musulmane de l’Inde, a jugé que la décision prise par les juges de la Haute Cour n’était ni judicieuse ni raisonnable. Il a fait remarquer que le Service archéologique de l’Inde, à qui ont été confiées les fouilles, en tant que service gouvernemental, n’est pas une institution indépendante. L’actuel Vice Premier ministre, L.K. Advani, était l’un des dirigeants hindous impliqués dans la démolition de la mosquée. Lui et un de ses collègues sont encore aujourd’hui parmi les personnes mises en examen. En conséquence, Shahbuddin et son organisation ne s’opposent pas à la décision du tribunal mais demandent que les fouilles soient supervisées par une commission archéologique indépendante qui en évaluera les résultats.
Dans les milieux politiques de l’opposition et ailleurs, beaucoup d’objections ont été élevées contre les fouilles ordonnées par la Haute Cour. C’est ainsi qu’un ancien ministre fédéral de la Justice s’est demandé comment un fait historique vieux de plusieurs siècles pouvait intervenir dans les débats démocratiques actuels. Un archéologue, Suraj Bhan, a fait valoir que les recherches ne pourront jamais établir de façon indiscutable la destruction d’un temple hindou au XVIe siècle, mais elles serviront de dangereux précédent aux groupes sectaires qui exigeront encore plus de fouilles.
Les réactions sont, bien entendu, tout autres dans l’extrême droite hindoue. Celle-ci a fait bon accueil à la décision du tribunal, considérée comme le meilleur moyen de trancher la question de la propriété du site, en suspens depuis les événements de 1992. D’ores et déjà, les militants fondamentalistes font état d’une étude réalisée à l’aide d’un radar et d’un scanner par une entreprise géologique indo-canadienne qui apporterait la preuve d’une structure sous-jacente à la mosquée détruite.