Eglises d'Asie

A Hanoi, des entretiens informels ont eu lieu entre des communautés protestantes non reconnues et des autorités gouvernementales

Publié le 18/03/2010




Selon une nouvelle diffusée le 20 mars par l’agence Compass Direct, une réunion de caractère relativement exceptionnel a eu lieu à Hanoi, le 5 mars dernier. Ce jour-là, l’institut d’Etudes religieuses de la capitale a organisé une rencontre à laquelle étaient invités un certain nombre de responsables d’Eglises domestiques et d’autres communautés protestantes informelles en activité sur le territoire du Vietnam mais non reconnues par les autorités. Du côté gouvernemental participaient à ces entretiens informels des représentants du Bureau des Affaires religieuses, du Front patriotique, organisation chargée de répercuter les lignes politiques auprès des larges masses populaires ainsi que des membres de l’unité A 38, cellule de la Sûreté publique, spécialement chargée des Affaires religieuses. Selon Compass Direct, une agence dont le siège se trouve aux Etats Unis, avait été invité à cette rencontre un certain nombre de dirigeants de diverses communautés protestantes dont les activités sont aujourd’hui considérées comme illégales, telles que “l’Eglise de Dieu la communauté de “Christian Inter-Fellowship la communauté des “Assemblées de Dieu du Vietnam la “Mission de la Bonne Nouvelle”. L’ensemble de ces Eglises représente environ 1 400 communautés domestiques et des centaines de communautés évangéliques.

Les dirigeants protestants qui sont rarement consultés par les autorités locales sur la nature de leurs activités ont, selon la dépêche, rapporté que “des discussions franches et sincères avaient eu lieu dans un climat de respect mutuel”. Des sujets très sensibles ont même été abordés au cours des discussions. Les responsables chrétiens ont en effet mentionné les très sévères persécutions dont sont victimes les communautés protestantes des Hauts Plateaux du Centre-Vietnam. Ils ont également suggéré à leurs interlocuteurs l’ouverture d’un dialogue régulier entre les dirigeants protestants et les diverses instances gouvernementales chargées des affaires religieuses.

La rencontre entre les dirigeants protestants et les autorités vietnamiennes survient à un moment où la persécution contre les communautés protestantes implantées parmi les minorités de Hauts Plateaux ne cesse de s’aggraver (1). Depuis le mois de février 2001, date à laquelle des troubles ont agité les minorités de la région, contrôle et répression se sont abattus sur les églises protestantes locales. Pourtant le 3 avril 2001, 26 ans après le changement de régime au Vietnam, l’Eglise évangélique du Sud-Vietnam avait pu bénéficier d’une reconnaissance officielle de l’Etat vietnamien (2). Mais seule, une poignée de communautés montagnardes des Hauts Plateaux du centre qui faisaient autrefois partie de l’Eglise évangélique du Sud-Vietnam ont été autorisées à se rattacher à elle, Les autres se sont trouvées en situation illégale. Au mois de septembre 2002, les autorités vietnamiennes ont commencé à procéder au démantèlement des communautés évangéliques montagnardes dans la région. Dans la seule province de Dak Lak, depuis la fin du mois de septembre 2002, 354 à 400 des 412 églises ont été fermées de force. A la mi-octobre, environ cinquante pasteurs et militants chrétiens auraient été arrêtés ou auraient disparu (3). Dans la province de Gia Lai, sur les 370 communautés protestantes, seules quatre d’entre elles seraient légalement reconnues.