Eglises d'Asie

Après cinquante-cinq ans d’interruption, le culte catholique a repris à Hoa Binh dans une chapelle provisoire enfin reconnue comme lieu de culte par les autorités civiles

Publié le 18/03/2010




Dépourvus de lieu de culte depuis cinquante-cinq ans, les 3 000 catholiques de la paroisse de Hoa Binh peuvent depuis le mois d’octobre 2002 se rassembler et participer à la messe dominicale dans une chapelle de fortune, mais autorisée officiellement par les pouvoirs publics. Hoa Binh, à environ 75 km. à l’ouest de Hanoi, est le chef-lieu de la province de Hoa Binh située dans une région montagneuse du Nord-Vietnam où a été édifié avec l’aide soviétique le plus vaste complexe hydro-électrique du pays. Du point de vue ecclésiastique, elle appartient au diocèse de Hung Hoa, le plus étendu du pays. Avant cette date, les catholiques de Hoa Binh se rassemblaient pour prier dans une maison chrétienne de la paroisse, ou alors, surtout lors des grandes fêtes, parcouraient de longues distances pour rejoindre une paroisse où était célébrée l’eucharistie. A Noël et à Pâques, seuls ou en groupe, ils entreprenaient un voyage de plus de cent kilomètres pour recevoir les sacrements dans les diocèses de Hung Hoa, de Phat Diêm ou encore de Hanoi.

Selon les informations recueillies par l’agence Ucanews auprès des paroissiens de Hoa Binh, c’est en 1947 que l’église locale avait été totalement détruite. A cette époque, des soldats français avaient été parachutés dans la région et la guérilla communiste avait donné l’ordre de détruire maisons et bâtiments publics. Les paroissiens avaient été dispersés et le culte complètement interrompu, situation qui s’est prolongée jusqu’à l’ouverture de la chapelle provisoire en octobre dernier. C’est avec joie que les paroissiens de Hoa Binh ont appris la reconnaissance par les autorités de la chapelle comme lieu de culte officiel. Celle-ci occupe quelque cinquante mètres carrés sur un terrain qui en comporte trois cents. Les fidèles y participent à la messe et à la prière avec bonheur, même si, faute de sièges, il s’y assoient à même le plancher et songent même à édifier une nouvelle église qui serait définitive.

Ce n’est pas sans mal que les catholiques ont obtenu cette autorisation. En 1998, une occasion s’était présentée et les catholiques s’étaient rendus propriétaires d’un terrain où était construit un bâtiment dont ils ont fait une chapelle. Mais les autorités locales se refusèrent à donner à ce nouveau lieu de culte leur reconnaissance officielle et à accorder aux prêtres d’y célébrer l’eucharistie. De même les catéchistes ne pouvaient pas y dispenser leur enseignement (1). La raison principale en était que, pour les Affaires religieuses, Hoa Binh ne possédait pas encore le statut de paroisse. Après une multitude de demandes aux autorités, dont l’ensemble doit représenter un paquet de plusieurs kilos, fait remarquer le chef du Conseil paroissial, ce statut fut enfin accordé à la fin de l’année 2000. Cette autorisation officielle permettait l’établissement d’un Conseil paroissial de laïcs et la possibilité pour les fidèles de participer à des activités religieuses dans des maisons privées. Il fallut attendre encore deux ans, jusqu’à octobre 2002 pour que le bâtiment acquis par les catholiques soit enfin reconnu comme lieu de culte officiel de la paroisse de Hoa Binh.

La première messe à laquelle plus d’un millier de fidèles sont venus participer, la larme à l’oeil, a été célébrée le 1er novembre 2002, par le curé de la paroisse la plus proche, Son Tay dans la province de Ha Tay, le P. Joseph Nguyên Trung Thoai. Un représentant du gouvernement était présent. Lors de son intervention, il a demandé aux catholiques de mener “une bonne vie religieuse Il les a même incités à “apporter la Bonne Nouvelle à tout le monde L’émotion était générale. Une vieille dame s’est ainsi confiée : “Dieu n’a pas abandonné ses enfants, mais si les souffrances et les douleurs ne les ont pas épargnés pendant plus d’un demi-siècle.”

La paroisse de Hoa Binh est une des dix paroisses de la province Hoa Binh. Elle est la seule à appartenir au diocèse de Hung Hoa ; les autres paroisses dépendent des diocèses de Hanoi ou de Phat Diêm. Malgré l’absence de prêtres et de lieu de culte, la communauté chrétienne n’a cessé de s’y développer. Les anciens registres notent encore qu’en 1931, il n’y avait que quatre cents catholiques à Hoa Binh. Selon des statistiques établies en 1995 (2), les chrétiens y étaient au nombre de 1 000 environ. En 2000, ils étaient 1 500. Selon de récentes informations rapportées par Ucanews (3), ils atteindraient aujourd’hui le chiffre de 3 000.