Eglises d'Asie

Avec la guerre en Irak, le prestige du pape et du Saint-Siège atteint des sommets dans la presse officielle du Vietnam

Publié le 18/03/2010




Une conséquence inattendue de la guerre menée en Irak par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne a été relevée par les catholiques du Vietnam, à savoir un redoublement de révérence manifestée par la presse officielle à l’égard du Saint-Siège en général et du pape Jean-Paul II en particulier. Dans une correspondance envoyée à sa parenté aux Etats-Unis et rapportée par l’agence de langue vietnamienne VietCatholic News (1), un catholique de Xuân Lôc fait part de son étonnement devant la nouvelle attitude adoptée par les médias gouvernementaux à l’égard du pape et de son entourage. Ces temps derniers, à de multiples reprises, les journaux ont rapporté leurs déclarations dénonçant la guerre en Irak, une position en accord avec celle du gouvernement vietnamien. A chaque fois, quotidiens ou hebdomadaires ont fait précéder le terme “Souverain Pontife” ou “Cardinal” d’un préfixe très honorifique : “Duc” (vertu, vertueux). Des photos du pape et du cardinal Etchegaray, bien connu au Vietnam, ont été publiées en première page par d’importants journaux, comme par exemple, l’organe des jeunesses communistes Tuôi Tre (2). Le correspondant vietnamien fait remarquer que, jusqu’à présent, il n’était pas facile même pour un catholique de manifester en public autant de respect pour le responsable suprême de l’Eglise catholique. Ils auront désormais moins de scrupule à le faire.

Pour d’autres raisons que le Saint-Siège, le Vietnam est aujourd’hui très opposé à la guerre en Irak. Depuis la fin de la guerre du Golfe, il a entretenu de très bonnes relations politiques et commerciales avec l’Irak. Il s’est constamment opposé à la politique occidentale en ce pays, appelant régulièrement à la levée des sanctions économiques imposées par les Nations Unies, nouant des relations commerciales avec lui et fournissant, à maintes reprises et ostensiblement, une aide alimentaire à la population. Au mois de février 2003, le gouvernement vietnamien avait demandé que soit prolongé le plus longtemps possible le travail des inspecteurs en désarmement des Nations Unies (3). Dès avant la guerre, le 19 février, à l’appel du Parti communiste et du Front patriotique, une première manifestation avait eu lieu à Hanoi. Le voyage de trois jours, effectué par Fidel Castro au Vietnam, du 20 au 23 février derniers, avait été l’occasion d’une déclaration commune où le pays visiteur et le pays visité se montraient violemment opposés à la guerre et dénonçaient “l’Empire américain”. Depuis le début des hostilités, les manifestations et les déclarations hostiles à la guerre se sont multipliées dans la plupart des villes vietnamiennes à l’initiative des diverses instances officielles du pays. Cependant, diverses précautions ont été prises pour éviter les débordements. A Hanoi, le 24 mars dernier, le périmètre d’accès à l’ambassade des Etats-Unis était interdit aux manifestants.

Les autorités vietnamiennes ne se font toutefois pas d’illusion sur l’issue des combats. Un commentaire de l’agence vietnamienne officielle d’information, daté du 24 mars 2003, faisait remarquer que, avec l’énorme appareil militaire dont ils disposaient, les Etats-Unis remporteraient la victoire militaire – et ajoutait qu’ils ne pourraient éviter une défaite politique écrasante.