Eglises d'Asie

Invité par le Front patriotique à cotiser pour soulager la pauvreté, l’archevêque de Hô Chi Minh-Ville répond en décrivant la contribution des catholiques en ce domaine

Publié le 18/03/2010




Une nouvelle lettre ouverte de l’archevêque de Hô Chi Minh-Ville, Mgr Pham Minh Mân, rédigée au mois de février dernier, vient de parvenir hors du Vietnam grâce au courrier électronique. La lettre dont le destinataire principal était le président du Front patriotique de Hô Chi Minh-Ville avait également été envoyée à tous les responsables de doyennés du diocèse, ce qui lui a assuré une importante diffusion.

Cette lettre est une réponse au plus haut responsable de la section urbaine du Front patriotique. Celui-ci avait préalablement envoyé à l’archevêché un message dans lequel il “appelait les milieux catholiques de la ville à apporter leur contribution à la caisse de solidarité en faveur des pauvres Mgr Mân commence par remercier son correspondant de rappeler aux catholiques leurs devoirs de solidarité avec les pauvres. Mais ensuite, il lui fait remarquer que, depuis de nombreuses années déjà, les catholiques de la métropole du Sud consacrent une part importante de leurs forces et de leurs ressources financières à l’aide des pauvres. Il énumère les contributions les plus importantes apportées par son diocèse à l’élimination de la pauvreté. Les catholiques de Hô Chi Minh-Ville ont contribué à la construction de centaines de maisons pour les plus dépourvus. Ils aident des milliers d’enfants de familles pauvres à poursuivre leurs études. Par leurs dons, ils fournissent une assistance permettant à des familles démunies de ne pas être en proie à la faim. Ils permettent à des milliers de malades de trouver les moyens financiers de se soigner à l’hôpital. Grâce aux catholiques, des centaines d’enfants handicapés peuvent poursuivre leur formation, de nombreuses victimes des divers fléaux sociaux sévissant au Vietnam peuvent revenir à une vie normale.

Mais, ajoute l’archevêque de Hô Chi Minh-Ville, il ne s’agit là que de remèdes concernant la partie la plus apparente de la pauvreté. Il conseille au responsable du Front patriotique de créer des conditions et d’agir de telle sorte que la pauvreté soit éliminée en sa racine même. L’archevêque précise qu’il “veut parler de la pauvreté dans son intégralité, la pauvreté matérielle, la pauvreté en moyens de développement, en humanité, en dignité, en croyance, en droits de vivre dans l’indépendance, la liberté et le bonheur”. Il ajoute ensuite qu’il joint à sa lettre celle qu’il a envoyée fin décembre 2002 au Comité d’union du catholicisme réuni en congrès à Hanoi. Elle contient des directives permettant de s’attaquer aux racines mêmes de la pauvreté.

Cette dernière lettre (1) destinée en premier lieu au Comité d’union du catholicisme est en effet une très sévère critique de la société vietnamienne actuelle. L’archevêque y préconise de réaliser l’objectif du VIe Congrès du Parti communiste vietnamien : “Le service de l’homme est l’objectif suprême” et, pour cela, d’éliminer les tares de la société existante. Selon lui, s’impose en premier, l’élimination du phénomène social que l’on appelle “l’aliénation” dont il énumère les diverses formes. Il fait ensuite une analyse du fonctionnement du régime qui régit la société vietnamienne dont il dit que c’est un régime injuste et aliénant. Il le qualifie de “régime demander-donner à savoir un système fonctionnant par demande d’autorisation et octroi d’autorisation. Dans ce genre de régime, tous les droits civiques sont concentrés entre les mains de l’Etat, qui, du haut de sa toute puissance, accorde ou refuse l’autorisation d’en bénéficier aux citoyens qui le demandent. “Ce n’est qu’en abolissant le ‘régime de la demande et de l’octroi’, en remettant au peuple les droits qui lui appartiennent que l’Etat deviendra véritablement l’Etat du peuple… concluait la lettre au comité d’union dont l’archevêque propose la lecture au Comité du Front patriotique de Hô Chi Minh-Ville