Eglises d'Asie

Maharastra : deux prêtres catholiques ont été roués de coups par un groupe d’individus appartenant à une organisation de l’extrême droite hindoue

Publié le 18/03/2010




Le mardi 12 mars 2003, des militants de l’extrême droite hindouiste ont attaqué et blessé deux prêtres catholiques dans la ville de Shirdi, district de Ahmednagar, dans l’Etat de Maharastra. Selon la police et divers témoins oculaires, un groupe de six individus a agressé le curé et le vicaire de l’église St François Xavier de Rahata, dans le diocèse de Nashik. Les prêtres ont été frappés à coups de poings et de pieds. Moins de trois heures après les faits, l’ensemble des coupables avait été arrêté. Ils ont aussitôt reconnu leur appartenance au Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS, Corps national de volontaires) une association voulant faire de l’Inde une nation hindoue. Lors de leur interrogatoire, les agresseurs ont accusé les deux prêtres, Dominic Rosarion, âgé de 48 ans, et Paul D’Silva, âgé de 34 ans, d’avoir converti des hindous au christianisme, accusation aussitôt rejetée par les deux prêtres qui l’ont qualifiée de pure invention.

Les deux prêtres ont ensuite livré dans le détail le récit des faits. Le P. D’Silva venait de célébrer la messe pour quelques familles habitant auprès de la station de bus de Shirdi et attendait que son confrère qui avait célébré l’eucharistie dans un autre village vienne le chercher en jeep. Un jeune homme s’est approché de lui et lui a demandé de venir à l’écart pour lui parler en privé. Alors qu’il le suivait, il a reçu un coup sur la tête et a été assailli par un groupe de personnes qui lui ont asséné coups de poings et de pieds sur tout le corps. Sur ces entrefaites, le P. Rosario est arrivé sur les lieux en jeep, accompagné d’une religieuse. Il s’est précipité au secours de son confrère. Mais le groupe délaissant le premier prêtre s’est retourné vers lui, lui faisant subir le même traitement. Selon la religieuse restée dans la voiture, le tout n’a pas duré plus de huit minutes. Toute la bande s’est enfuie dans un taxi à trois roues. La religieuse a cependant eu le temps de relever le numéro d’immatriculation du véhicule, ce qui a permis à la police d’arrêter presque immédiatement les coupables. Par la suite, les deux prêtres, couverts de plaies et de bosses, ont été admis à l’hôpital gouvernemental le plus proche.

Les 4 000 catholiques de la paroisse de Ranata dont étaient chargés les deux prêtres victimes de l’agression ont été traumatisés par ces événements. Les deux écoles de la paroisse ont fermé leurs portes le 13 mars en signe de protestation. Deux ministres de l’Etat de Maharastra sont venus rendre visite aux prêtres et ont promis que de sévères sanctions seraient prises contre les agresseurs. Mgr Thomas Bhalerao, ordinaire du diocèse, a déclaré que c’est le premier incident de ce type survenant dans son diocèse. Depuis que des missionnaires allemands ont apporté le catholicisme dans la région, celui-ci coexiste tout à fait pacifiquement avec les autres religions. L’évêque a rejeté les accusations de “conversion” portée contre ses prêtres les qualifiant de totalement fausses et dépourvues de fondement, en réalité, de simples alibis pour justifier l’attaque.

Le superintendant du district a informé la paroisse que le 16 mars suivant, la police avait fait comparaître les inculpés devant un tribunal. Bien que les juges leur aient accordé la libération sous caution, la police les a cependant retenus en état d’arrestation afin d’empêcher d’autres incidents. Sur l’ordre du tribunal, ils ont cependant été libérés sous caution le jour suivant. Abraham Mathai, un membre de la Commission des minorités de l’Etat, a dénoncé cette agression et prié le gouvernement de ne pas laisser les coupables sans punition afin de prévenir de telles actions à l’avenir.

Le 25 mars suivant, les chrétiens des districts de Nagar et de Nashik, soutenus par le Parti républicain de l’Inde et le Parti du Congrès, ont organisé une grande manifestation pour protester contre la violence exercée contre les deux prêtres par l’extrême droite hindoue. Un des intervenants, le P. Francis D’Britto, rédacteur d’une revue diocésaine, parlant du meeting en train de se dérouler, a déclaré : “Ceci n’est pas une bataille entre religions, mais entre ceux qui ne croient pas à la violence et ceux qui y croient…” Il a ensuite appelé à la création d’un forum politique pour faire entendre la voix de la communauté chrétienne.