Eglises d'Asie

Malgré la guerre en Irak, une poignée seulement des 1,5 millions de Philippins travaillant dans les pays du Golfe persique a quitté la région

Publié le 18/03/2010




Selon différentes sources issues des milieux philippins émigrés dans les pays du Golfe persique, le déclenchement des hostilités en Irak n’a pas entraîné de départs massifs parmi les quelque un million et demi de Philippins travailleurs émigrés dans les pays du Golfe persique. Selon Xavier Bayoneta, de l’Alliance internationale des migrants, une association de travailleurs philippins émigrés, seulement une trentaine de personnes parmi les 63 000 Philippins employés au Koweït ont choisi de retourner aux Philippines. Lui-même en attente d’un embarquement sur un bateau de marine marchande, Xavier Bayoneta raconte qu’il a joint au téléphone son épouse, Marissa, âgée de 36 ans, le 19 mars dernier. Infirmière dans un centre pour enfants handicapés au Koweït, Marissa lui a expliqué qu’elle et ses collègues indiennes, égyptiennes et bangladaises avaient choisi de rester car, au pays, aucune ne peut prétendre trouver un travail suffisamment rémunérateur pour subvenir aux besoins de leurs familles respectives. Toujours selon Bayoneta, nombre de Philippins choisissent de rester dans les pays du Golfe persique car ils espèrent que la reconstruction de l’Irak créera un fort appel de main-d’ouvre dont ils escomptent bien bénéficier.

Aux Philippines, dès le 21 mars dernier, le gouvernement a mis en place des centres d’appel d’où les familles peuvent passer des appels gratuits d’une durée de trois minutes chacun pour contacter leurs proches vivant dans les pays proches de l’Irak. Il a été imité en cela par quatre sociétés privées de téléphone. Ce service est concentré dans trois centres d’appel à Manille et douze antennes en province de Workers Welfare Administration. Interrogés dans ces centres, certains Philippins ont exprimé l’espoir que leur gouvernement, qui a approuvé l’engagement américain en Irak, adopte “un profil plus neutre” afin de “ne pas mettre en danger la vie des Philippins au Moyen-Orient”. Selon Hernani Braganza, secrétaire de Presse au sein du gouvernement, la mise en place des centres d’appel par les autorités est “un petit service” comparé aux “énormes” bienfaits économiques qui découlent de l’envoi de millions de travailleurs philippins à l’étranger. Il a ajouté que ces centres resteraient ouverts après la fin de la guerre de façon à aider les Philippins à décrocher des emplois lors de la reconstruction de l’Irak. L’administration philippine responsable de l’envoi de Philippins à l’étranger, après avoir suspendu les départs pour le Golfe le 20 mars, a dû reprendre ses activités après les protestations des candidats au départ qui avaient déjà payé leur voyage et leur visa et qui ne voulaient pas tout perdre en restant au pays.

Selon les statistiques gouvernementales, 7,4 millions de Philippins travaillent à l’étranger – dont 2,7 millions en tant que résidents permanents dans leur pays d’accueil et 250 000 en tant que marins. Sur les 1,5 millions présents dans le Golfe, 950 000 vivent en Arabie Saoudite, 167 000 dans les Emirats arabes unis, 63 000 au Koweït et 30 000 en Israël. En octobre 2002, le ministère de l’Emploi et du Travail estimait que, sur une population active de 33,7 millions de personnes aux Philippines, 18,6 millions avaient un emploi salarié à plein-temps, les chômeurs étant 3,4 millions. Vingt millions de personnes aux Philippines, soit le quart de la population, dépendraient directement des mandats envoyés de l’étranger par les Philippins partis travailler hors des frontières nationales.