Eglises d'Asie

Partout en Asie, les responsables de l’Eglise catholique, à l’unisson de nombreux autres responsables religieux, ont fait part de leur ferme opposition à la guerre en Irak

Publié le 18/03/2010




Tandis que la tension montait et la guerre menée par les Etats-Unis en Irak semblait inéluctable, les hostilités n’étant pas encore déclenchées, les responsables de l’Eglise catholique en Asie, dans leurs pays respectifs, ont fait part de leur ferme opposition aux opérations militaires visant à chasser Saddam Hussein du pouvoir. Outre une opposition de principe au recours à la guerre comme moyen de régler un conflit, les évêques ont dit leur crainte de voir la guerre en Irak entraîner le déclenchement d’autres conflits en Asie.

A Manille, peu avant la fin de l’ultimatum posé par le président américain le 17 mars dernier, intimant à Saddam Hussein et à sa famille d’abandonner le pouvoir et l’Irak, Mgr Fernando Capalla, archevêque de Davao, a appeler à la prière pour que la guerre soit courte, fasse le moins de victimes possibles et que les actes de terrorisme qui ne manqueront pas d’en découler soient empêchés. L’évêque philippin a souligné le risque de voir les actes terroristes se multiplier, surtout si les populations pensent que Saddam Hussein “ne mentait pas” au sujet de la non-possession d’armes de destruction massive. “L’Asie abritant de très importantes populations musulmanes la guerre en Irak aura des retombées directes dans la région, a ajouté Mgr Capalla.

Au Pakistan, Mgr Joseph Coutts, évêque de Faisalabad, a vivement regretté l’ultimatum lancé par le président George W. Bush, appelant ses fidèles et tous les hommes de bonne volonté à la prière. Victor Azariah, du Conseil national des Eglises (protestantes), et Mgr Lawrence John Saldanha, archevêque de Lahore, ont adressé une lettre ouverte au président américain, mettant en garde contre un conflit qui pourrait coûter “des centaines de milliers de vies humaines parmi les civils”. Chiffrant le coût des opérations militaires entre 40 et 200 milliards de dollars, ils s’interrogeaient : “Ces sommes ne pourraient-elles pas être mieux utilisées pour les besoins éducatifs, de santé, de nourriture, de logement de millions de personnes qui en manquent ?”

Auparavant, des appels des responsables catholiques des Eglises du Bangladesh, de Brunei, d’Indonésie, de Malaisie, de Singapour, du Japon, de Corée du Sud et jusqu’au Vietnam avaient dénoncé la guerre à venir comme une guerre injustifiée. Les évêques japonais ont exprimé leur crainte d’une déstabilisation de tout le Proche- et Moyen-Orient. La Conférence épiscopale indienne a souligné “la colossale tragédie humaine” que représentait ce conflit. Au Vietnam, Mgr Paul Nguyen Binh Tinh, évêque de Danang, dans une lettre pastorale datée de la mi-janvier 2003, a appelé ses fidèles à la prière, renvoyant aux années 1974-1975 et aux souffrances que la population de ce diocèse du Centre-Vietnam a connu à l’issue de la guerre américano-vietnamienne.

A Singapour, à Hongkong et en Indonésie, les responsables catholiques ont en outre associé leurs voix à celles de responsables d’autres religions. Leurs appels ont réunis des responsables locaux des communautés bouddhiste, confucéenne, taoïste, musulmane, juive, hindoue, sikh et zoroastrienne.