Pour la première fois, la petite communauté catholique d’Urgench célébrera les fêtes de Pâques dans une véritable église

Publié le 18/03/2010




A Urgench, chef-lieu de Khorezm, région située à un millier de kilomètres à l’ouest de la capitale Tachkent, la petite communauté catholique de la ville s’apprête à célébrer Pâques, le 20 avril prochain, dans une véritable église. Après deux années durant lesquelles les offices ont été célébrés dans des appartements privés, les catholiques locaux mettent en effet la dernière main au bâtiment de deux étages qu’ils rénovent depuis plusieurs mois et qui va devenir le cour de la nouvelle paroisse de la Vierge Marie de Charité. Selon le curé de la paroisse, récemment nommé, le franciscain d’origine polonaise Stanislaw Rochowiak, “cette maison disposera de tout le nécessaire pour célébrer la messe et répondre aux autres besoins de la paroisse, et servira aussi à loger le curé ainsi que les invités de passage”.

Unique paroisse catholique d’Urgench, la paroisse a été officiellement enregistrée auprès des autorités en octobre 2001, à l’issue d’une procédure complexe (1). Le droit ouzbek stipule en effet que la demande d’enregistrement d’une institution religieuse soit accompagnée d’une pétition d’au moins cent signatures de citoyens ouzbeks âgés de plus de dix-huit ans. Dans cette ex-République de l’Union soviétique, indépendante depuis 1991 et peuplée en majorité de musulmans, une paroissienne, prénommée Lydia, s’est chargée de collecter ces signatures et témoigne des difficultés qu’elle a rencontrées. Selon elle, rassembler des signatures n’a pas été le plus difficile, “des musulmans s’engageaint même à nos côtés pour signifier leur accord au fait que nous ayons notre propre église”. La difficulté est venue des autorités locales, suspicieuses face aux signatures réunies, et, par trois fois, Lydia a dû les convaincre que les signatures n’étaient pas des faux.

Après cette première étape, les autorités donnèrent leur accord et cédèrent même un terrain à la paroisse pour qu’y soit bâtie une église. Quelques temps après cependant, elles revinrent sur leur décision au motif que le site envisagé devait être alloué à un terrain de sport. Finalement, selon Lydia, les choses ont fini par s’arranger quand les autorités ont compris que la communauté catholique ne formait pas une secte mais était comparable à l’Eglise orthodoxe russe. Selon le droit ouzbek, toute forme d’activité missionnaire est interdite dans le pays et seuls les membres du clergé musulman ainsi que les popes et les prêtres ont le droit de porter l’habit religieux en public. Les fidèles des grandes traditions religieuses jouissent de la liberté de culte mais les groupes islamiques radicaux ou les Témoins de Jéhovah, par exemple, n’ont pas droit de cité.

L’origine de la paroisse catholique d’Urgench remonte à 1999 quand une habitante de la ville, une Polonaise prénommée Ludviga, aujourd’hui partie en Russie, a rendu visite à l’église du Sacré-Cour de Jésus à Tachkent. Elle demanda alors au P. Krzysztof Kukulka, supérieur de la mission ‘sui d’Ouzbékistan, un prêtre pour les chrétiens, catholiques et orthodoxes, de la région de Khorezm. Peu après, le P. Josef Adamovitch, le prédécesseur du P. Rochowiak, est arrivé à Urgench et a organisé la vie de la communauté catholique. Chaque semaine, ces derniers dix-huit mois, environ trente-cinq paroissiens se réunissent pour la messe dominicale dans un appartement privé, rapporte Lydia. La cinquantaine, Lydia précise qu’elle est parmi les paroissiens les plus âgés. Née d’un père musulman et d’une mère catholique, baptisée dans l’Eglise catholique, elle ajoute que cela n’a jamais posé de problème dans sa famille, “tous sachant qu’il n’y a qu’un seul Dieu”.