Eglises d'Asie

Afin de minimiser les risques de diffusion de l’épidémie de pneumopathie atypique, l’archevêque catholique de Singapour autorise, entre autres mesures, les absolutions générales

Publié le 18/03/2010




Le 4 avril dernier, à l’approche de la Semaine Sainte et des cérémonies pascales, l’archevêque catholique de Singapour, Mgr Nicholas Chia, a rendu publiques une série de mesures destinées à prévenir l’extension de l’épidémie de pneumopathie atypique. En plus du port, déjà généralisé, du masque sur le visage lors des cérémonies liturgiques, le responsable de l’Eglise de Singapour a autorisé ses prêtres à procéder à des absolutions générales. Il a également dispensé les prêtres et les agents pastoraux d’assister à la crémation – obligatoire – de la dépouille des personnes décédées après avoir été contaminées par le virus en question. Enfin, pour les liturgies du Vendredi Saint, il a vivement déconseillé aux fidèles d’embrasser le crucifix. L’Eglise catholique s’inscrit ainsi dans la lignée de l’action préventive déployée par les autorités de la cité-Etat pour circonscrire la diffusion d’un virus qui, à la date du 9 avril, a causé la mort de neuf personnes à Singapour (1).

Dans son message du 4 avril, Mgr Chia a expliqué que le recours à des cérémonies d’absolution générale permettra aux prêtres “de ne pas être en contact (direct et rapproché) avec les pénitents individuels diminuant ainsi le risque pour eux d’être contaminés par des fidèles et de contaminer à leur tour d’autres fidèles. Pour cela, a précisé l’évêque de Singapour, il a été jusqu’à demander et “obtenir la permission de Rome” (2Au sujet des personnes décédées du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), l’Eglise doit se conformer aux instructions des autorités, à savoir l’obligation de la crémation du corps des victimes dans les 24 heures suivant le décès. Par conséquent, “les rites funéraires dans les églises ou à domicile sont suspendus pour ces cas précis mais des prières ou des messes peuvent être célébrées après les funérailles pour le repos (de l’âme) des défunts a précisé Mgr Chia. Selon les autorités singapouriennes, parmi les victimes du SARS, seuls les musulmans, dont la religion stipule l’obligation de l’inhumation en terre, sont autorisés à être enterrés, pourvu que leur dépouille soit scellée successivement dans deux sacs mortuaires en plastique.

A la date du 9 avril 2003, 112 personnes étaient recensées à Singapour comme ayant été contaminées par le virus du SRAS et neuf d’entre elles en étaient mortes. La dernière victime, âgée de 50 ans, était bibliothécaire dans une des paroisses de l’archidiocèse. Dans cette paroisse, les membres de quatre familles avaient été infectés. Après un séjour à l’hôpital, à l’exception d’une femme, tous avaient pu retourner chez eux. Interrogé par l’agence Ucanews (3), leur curé a déclaré qu’il leur apportait un soutien pastoral “en leur envoyant des messages écrits à partir de [son] téléphone mobile tout en ajoutant qu’il leur apportait la communion chez eux. “Ils n’osent pas aller à l’église de peur d’être mis à l’écart par les autres paroissiens ou de devoir répondre à des questions qu’ils jugeraient indiscrètes a-t-il précisé. Selon des sources locales, la fréquentation des églises dotées de l’air conditionné a chuté de 30 % – une proportion également constatée dans les restaurants de la ville.

Avant ces directives, Mgr Chia avait, le 28 mars dernier – soit deux jours après la fermeture des écoles primaires et secondaires par les autorités -, ordonné la suspension de tous les cours de catéchisme et des programmes de formation organisés pour les enfants. Il avait aussi demandé aux fidèles de ne pas se donner la main lors de la prière du “Notre Père”, de ne pas se serrer la main lors du baiser de paix et enfin, de recevoir la communion dans la main et non dans la bouche. Enfin, il avait recommandé aux personnes malades de ne pas se rendre à la messe dans les églises.