Eglises d'Asie

Andhra Pradesh : dans la perspective des prochaines élections, les chrétiens de toutes dénominations cherchent à fonder un mouvement où ils seraient unis

Publié le 18/03/2010




Les représentants de diverses dénominations chrétiennes de l’Andhra Pradesh se sont rencontrés, le 2 avril dernier, à Hyderabad, capitale de l’Etat. Le rassemblement s’était intitulé “Voix chrétienne pour la victoire” tout en précisant qu’il n’était pas de caractère confessionnel et n’avait pas d’ambition po-litique. Il s’était donné pour objectif précis d’unir les chrétiens dans leur revendication des droits cons-titutionnels et dans leur confrontation aux diverses formes de violences s’exerçant contre eux dans la région. L’attention des participants était également tournée vers les futures élections législatives qui auront lieu en 2004 dans cet Etat où les cinq millions de chrétiens ne représentent que le 15e d’une po-pulation de plus de 75 millions d’habitants. Contrairement aux prévisions estimant à 50 000 le nombre des futurs participants, seules quelques centaines de personnes étaient venues à cette rencontre, parmi lesquelles un évêque protestant et un évêque représentant de l’épiscopat catholique de la région.

Au cours des débats, les divers groupes chrétiens se sont accordés sur la nécessaire promotion des membres de leur communauté au sein de la société indienne. La minorité chrétienne devrait être représentée aux divers niveaux de l’administration, depuis le conseil de village jusqu’au parlement fédéral. Le communiqué publié à l’issue du rassemblement réclame également que soient étendus aux chrétiens les divers programmes d’assistance qu’ils soient fédéraux ou locaux. En particulier, il est demandé que les privilèges accordés aujourd’hui aux dalits bouddhistes, hindous ou sikhs, soient aussi attribués aux chrétiens issus des basses classes. Une notice explicative, diffusée pendant la réunion, expliquait que la majorité des chrétiens de l’Etat étaient dalits (terme qui en sanscrit signifie ‘foulés aux et désigne les personnes appartenant à la catégorie des intouchables) et que leur condition économique était aussi médiocre que celle des dalits des autres religions. Ces derniers bénéficient de certains privilèges, comme un quota d’emplois qui leur sont réservés et une éducation gratuite pour leurs enfants. Mais les chrétiens et les musulmans sont écartés de ces privilèges sous le prétexte que leurs religions ne reconnaissent pas les castes. Considérant que ces dispositions constituent une grande injustice, la déclaration finale du rassemblement propose d’éduquer les chrétiens dans la perspective d’une lutte légale pour leurs droits.

Même s’il n’a pas été question de politique partisane, il est indéniable que la perspective politique était loin d’être absente de l’esprit des participants. Une des décisions prises au cours de l’assemblée est d’appeler à la création d’un Front socialiste chrétien, dont les sections de base auraient leur siège au niveau du district. Ce front socialiste, à l’intérieur duquel les chrétiens agiraient dans l’unité, pourrait, dans l’avenir, se transformer en formation politique. Mgr Rajaratman, évêque de l’Eglise (protestante) du Sud de l’Inde, a cependant précisé que le mouvement envisagé n’était dirigé contre aucun autre parti pas plus que contre le gouvernement, mais était au service du droit des chrétiens de se situer dans le courant principal de la société.

Les représentants des diverses dénominations chrétiennes présents à la réunion d’Hyderabad ont, pour la plupart, exprimé leur accord pour la création du mouvement, dont les objectifs et la forme d’action ont été décrits. Le délégué de la section locale de l’Union catholique panindienne, a en particulier exprimé le souhait d’assister à la naissance de ce mouvement, d’en confier la présidence, à G. Alfred, le président et le coordinateur du rassemblement du 2 avril, et de voir les chrétiens y travailler au bien commun du pays.