Eglises d'Asie – Inde
Bihar : la minorité chrétienne demande aux autorités de l’Etat de déclarer le Vendredi Saint fête chômée pour toute la population
Publié le 18/03/2010
Le Vendredi Saint, jour où les chrétiens commémorent la crucifixion du Christ, est actuellement classé au Bihar parmi les jours fériés “restreints comme d’ailleurs dans la plupart des Etats de l’Inde. Ce qui signifie que les bureaux gouvernementaux restent ouverts, mais que les fonctionnaires chrétiens peuvent s’absenter ce jour-là, contrairement aux jours fériés pour tous qui sont chômés par l’ensemble des fonctionnaires. Les dirigeants rencontrés par les responsables chrétiens ont répondu qu’il pourrait s’avérer nécessaire de répondre positivement à la requête présentée. Pour l’un des membres de la délégation, cette réponse a paru sincère : “Nous avons confiance en eux, a-t-il dit, car ils considèrent avec sympathie les besoins des minorités religieuses, pas seulement ceux des musulmans mais aussi des chrétiens qui, comparativement, sont en plus petit nombre.” Effectivement, on a appris, trois jours plus tard, que le gouvernement avait chargé ses fonctionnaires de travailler sur un éventuel décret en ce sens et leur avait demandé d’entamer une recherche visant à surmonter les obstacles légaux pouvant s’y opposer. Un fonctionnaire appartenant au secrétariat du ministre-président a confié à un chrétien qu’il faudrait du temps avant que ce projet devienne réalité et que le Vendredi Saint resterait, sans doute, fête restreinte cette année encore.
L’Etat du Bihar compte 850 000 chrétiens qui constituent une petite minorité en face des 71 millions d’hindous et des 12 millions de musulmans. Cependant, depuis longtemps, ils entretiennent une forte pression auprès de leurs dirigeants religieux ainsi qu’auprès des responsables civils pour que le Vendredi Saint devienne une fête chômée. Ils ont en effet coutume de passer cette journée dans la prière et le jeûne et c’est pour eux, comme l’a déclaré une infirmière catholique, Sarita Raymond, une très grande souffrance que d’être obligés de travailler ce jour-là. D’autres catholiques se demandent pourquoi les catholiques n’auraient droit qu’à une seule fête chômée, le jour de Noël, alors que la plupart des fêtes des autres religions comme le bouddhisme, l’hindouisme, l’islam, la religion sikh sont déclarées fériées pour toute la population. Cependant, les catholiques ont bon espoir d’avoir gain de cause en ce domaine. Interrogé à ce sujet, un catholique a répondu qu’il ne pensait pas que, dans un avenir immédiat, le gouvernement classerait le Vendredi Saint parmi les jours fériés, mais qu’en maintenant la pression, il est probable que cela se fera dans les prochaines années.
Un député de l’Assemblée législative locale, appartenant au Bharatiya Janata Party (Parti du Peuple indien, BJP), a traité de ce sujet avec une certaine ironie : “Le gouvernement du Bihar est fort libéral en ce domaine a-t-il fait remarquer, ajoutant qu’à l’heure actuelle huit fêtes hindoues étaient chômées, cinq fêtes musulmanes et une au moins pour le bouddhisme et la religion sikh. Il a conclu : “Pourquoi les chrétiens subiraient-ils un traitement discriminatoire en la matière ?”